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Avant Joaquin Phoenix, ces acteurs qui ont incarné Jésus au cinéma

Joaquin Phoenix sera Jésus dans un film prévu pour 2018.

L'une des premières images de Joaquin Phoenix en Jésus dans Mary Magdalene, film prévu pour 2018.

© DR

La trajectoire de Jésus au cinéma est tout sauf un chemin de croix. Depuis 1898, date de sa première apparition devant des spectateurs, il a connu plus de quatre-vingts avatars sur écran.

«Les films ont fait de lui un véritable héros, relève Valentine Robert, maître assistante en histoire du cinéma à l’UNIL. Cela depuis les débuts du cinéma (où l’un des premiers récits racontés fut la vie du Christ) jusqu’aux clips de Lady Gaga, qui, pour sa chanson Judas, a réactualisé Jésus sous des traits latino-américains, portant la couronne d’épines et la croix sous forme de bijoux bling-bling!»

Et en 2018, rebelote, Joaquin Phoenix arborera sa plus belle barbe et mettra sa chevelure au vent pour l’incarner à son tour. Ses arguments? Un regard de braise, une personnalité tourmentée et une plastique… charismatique. C’est que le septième art suit à chaque fois des poncifs immémoriaux pour représenter l’iconique personnage: une crinière souple tombant sur les épaules, un visage barbu, une expression à la fois profonde et apaisée. Un véritable Saint-Suaire sur pattes.


Jim Caviezel dans La Passion du Christ, de Mel Gibson, 2004. DR

Mais Jésus a aussi vécu une évolution cinématographique, reflet des normes esthétiques et de notre rapport au christianisme. Dans les années 50-60, le technicolor et le modèle de la star absolue donnent naissance au messie-gourou qui prend tranquillement le changement de la société en main. Une dimension visionnaire souvent traduite par des yeux d’un clair perçant, tels ceux de l’acteur suédois Max von Sydow dans La plus grande histoire jamais contée, en 1965. Ou un visage quasi hypnotique, celui, par exemple, du Jésus de L’Evangile selon Saint-Matthieu, de Pasolini, en 1964.

Davantage toy-boy que messie

La révolution Jésus, ou plutôt sa crise d’adolescence, aura lieu dans les années 70. Il sera starlette rebelle (Jesus Christ Superstar, 1971), excentrique (La vie de Brian des Monty Python, 1979) voire pris de trac (La dernière tentation du Christ de Scorsese, 1988). Des relectures très personnelles, éloignées de la ligne classique qui feront naître des polémiques, attisées par des catholiques intégristes, finissant même en attentat. «Toutefois, la figure du Christ reste très souvent digne, comme un héros intouchable», note Valentine Robert.


Ewan McGregor, un Jésus sexy mais humble, dans Last Days in The Desert, 2015. © GillesMingasson

Nouveau virage dans les années 90-2000: la performance physique prime sur le message. Les épreuves que subit Jésus impliquent un corps hors norme, au charisme presque animal, sexuel. D’où une série de bien nommés Hot Jesus, essaimant dans diverses productions, de La passion du Christ de Mel Gibson (2004) au Son of God de 2014 avec un Seigneur jugé parfois trop beau pour détourner de la tentation

L’influence de la saga du Da Vinci Code, où le messie est présenté marié à Marie-Madeleine, aura sûrement contribué à construire aux yeux de l’opinion un Jésus fait au moins autant de chair que d’esprit.


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