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Équilibre vie privée-vie pro: Comment bien doser ses efforts

Equilibre vie professionnelle vie privee comment bien doser ses efforts

Pour ne pas faire un burn-out, il est indispensable de trouver la bonne dose d'efforts, physiquement, mentalement et émotionnellement.

FEMINA Dans votre livre L’art d’en faire juste assez, Doser ses efforts sans s'épuiser (Éd. Odile Jacob), vous invitez à trouver le dosage entre le trop et le pas assez. Pourquoi est-ce si important?
Gaëtan Cousin L’idée est vraiment de résister à la tentation des deux extrêmes, c’est-à-dire de ne pas être dans le trop peu, sinon on n’avance pas en direction de ses objectifs de vie, mais de ne pas non plus valoriser à outrance le perfectionnisme et le dépassement de soi, comme on a tendance à le faire parfois – parce que ça mène à l’épuisement et à l’insatisfaction.

Il faut dire que l’époque nous pousse plutôt à la surproductivité, non?
Oui. Beaucoup de gens se retrouvent dans cette situation-là; nous vivons une époque où l’on nous demande de performer dans un peu tous les domaines. Le fait de viser trop haut partout et trop souvent, c’est courir le risque de mener une vie épuisante.

On en parle peu, mais on sait en psychologie que les perfectionnistes sont plus à risque de développer des symptômes dépressifs.

Difficile pourtant pour certains d’en faire moins. Est-ce une question d’éducation ou de pression sociale?
C’est vrai qu’on a souvent l’idée qu’il faut apprendre à en faire plus, mais pas forcément qu’il faut apprendre à en faire moins! Les employeurs ne vont jamais se plaindre qu’on travaille trop et il est rare que nos proches nous disent d’en faire moins pour eux. D’après ce que j’observe en thérapie, les perfectionnistes ont souvent de la peine à lever le pied. Ça génère chez eux toute une série de peurs comme celle de devenir médiocres, de s’endormir sur leurs lauriers, ou de ne plus progresser.

Quand on pense effort, on pense plutôt physique et intellectuel, mais vous insistez sur la notion d’effort émotionnel, pourriez-vous l’expliquer?
Les efforts physiques et intellectuels constituent une part souvent assez minime des efforts qu’on fait. La plupart de nos efforts sont en réalité de nature émotionnelle. Par exemple, le fait de se forcer à aller travailler chaque matin, même quand cela nous crée du stress, de l’ennui ou de la frustration – c’est un effort émotionnel. À notre époque, tous les métiers ne demandent pas des actions physiques importantes.

En revanche, l’implication émotionnelle est nécessaire dans presque toutes les professions. En particulier le stress et l’anxiété.

Est-ce que ça signifie qu’ils sont intégrés?
Oui, et c’est bien ça le problème, car on considère que ça va de soi, alors que ce que j’essaie de montrer dans le livre, c’est que c’est la plus grande part des efforts qu’on fournit.

Aller travailler et mener à bien ses tâches même si elles nous stressent, nous frustrent, arriver à ne pas s’énerver contre des collègues, à gérer les injustices, à rester calme face à la hiérarchie: ce sont des efforts qu’on fournit au quotidien.

Il s’agit de les reconnaître et d’arrêter de se faire des reproches injustifiés quand on souffre de démotivation ou que l’on procrastine.

À l’inverse, certains semblent intolérants à l’effort…
Oui, mais je pense qu’il faut sortir de l’approche un peu moralisatrice de l’effort qu’on a parfois, parce qu’il est très difficile de savoir combien les gens en font. C’est très personnel. Le sentiment d’effort est influencé par mille choses: la santé physique et psychique, le moment de la journée, les rythmes biologiques, la confiance en soi, le sens que l’activité a pour nous…

On a vite tendance à croire que quand on ne fait pas quelque chose, c’est par intolérance à l’effort, or c’est rarement la seule raison.

Quelles solutions pour arriver à doser l’engagement?
Il faut y aller par étapes. D’abord essayer les petites choses. Par exemple, se créer des routines aide à s’entraîner à un type d’effort donné. Aller courir vingt minutes tous les samedis matin, si ça devient une habitude, on perd moins de temps à négocier avec soi-même, on y va et petit à petit, en faisant le même type d’exercice, ça demande de moins en moins d’effort. Ça peut aussi être de regarder quels sont les meilleurs moments de la journée pour quelles tâches. À titre personnel, je remarque que j’arrive bien à écrire, à lire ou à faire des tâches intellectuelles le matin. L’après-midi je suis moins efficace. Il s’agit de trouver ses propres rythmes.

Et pour ceux qui n’arrivent pas à s’y mettre?
Je conseille de diviser les tâches. En général, lorsqu’on a de la peine à se lancer dans une action, c’est qu’on vise l’entier de la tâche. «Il faut que je range tout mon appartement.» Souvent le plus dur, c’est de commencer. On passe cinq minutes à passer l’aspirateur, puis on voit ce que ça donne. Généralement une fois qu’on est lancé, on en fait beaucoup plus.

C’est presque toujours le premier pas qui demande le plus d’effort émotionnel.

Vous invitez également à repérer ce qui va dans la même direction, c’est-à-dire?
Oui, c’est une autre «erreur» fréquente. Comme se dire que si on ne fait que vingt minutes de course à pied, ça ne sert à rien. Plutôt que de s’en féliciter, certaines personnes vont se reprocher de n’avoir pas fait davantage. Avec ce genre de reproches, elles se démotivent et auront plus de peine à retourner courir. À l’inverse, repérer chaque pas qui va dans la même direction, ça aide. La fois suivante on a beaucoup plus de probabilité de le refaire. Ça fait partie de ces petits outils pour arriver à doser ses efforts.

Et si ça ne suffit pas?
Dans certains cas, le problème vient d’un rapport à l’effort, excessif ou insuffisant, lié à l’éducation ou à l’histoire de vie; si cela crée beaucoup de souffrance, une psychothérapie peut être indiquée. Mais souvent, prendre un petit moment pour réfléchir à ses besoins et ses valeurs permet déjà d’envisager des solutions.

Quand une chose nous demande une grande énergie, c’est souvent qu’elle n’a pas beaucoup de sens pour nous.

Il est alors nécessaire de se recentrer sur ses priorités, voire de faire d’autres choix de vie, ce qui est parfois difficile. Mais il est bon de s’en occuper à un moment donné, pour vivre mieux et avec un plus grand sentiment de légèreté.

L’art d’en faire juste assez, Gaëtan Cousin (Ed. Odile Jacob). © DR


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