santé
«Menstrutopies»: Une conférence-débat organisée à Genève
Le 28 mai marque la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Le 28, parce que c’est en moyenne la durée d’un cycle. Et en mai, car cinq - comme le cinquième mois de l’année - c’est le nombre moyen de jours de la durée des règles. Ça, c’est pour la symbolique. Pour le reste, c’est-à-dire la déconstruction du tabou tenace qui entoure toujours les menstruations, il y a encore du boulot.
À Genève, un rendez-vous y contribue à sa manière ce jour-là autour d’une conférence-débat, intitulée «Menstrutopies, quel avenir pour des menstruations sans tabou?», et de la projection du documentaire They See Red, réalisé par deux Genevoises, Aurélie Monnier et Emily Boyle. L’idée de l’événement est de discuter équité menstruelle, car parmi les 2 milliards de femmes qui ont leurs règles chaque mois, toutes ne sont pas égales face à l’accès aux infrastructures sanitaires, aux protections adéquates, voire à des connaissances suffisantes sur leur corps et les menstruations.
Congés menstruels, distribution de produits et formation
Selon la sociologue à l'Université de Genève Aline Boeuf, autrice du livre Briser le tabou des règles (Éditions 41):
«C’est important de souligner ce que cette précarité représente sur l’intégration sociale, sur la santé, sur la formation, souligne encore la sociologue qui sera également présente autour de la table le 28 mai. Au niveau des solutions, les mesures prises vont des congés menstruels à la distribution de produits en passant par de la sensibilisation et formation des personnes comme la mise en place d’infrastructures pertinentes.»
Des femmes qui racontent leurs règles
De fait, en Suisse, au niveau des particularités propres à chaque canton, ou en Tanzanie, où a été tourné le documentaire, les expériences en matière de gestion des menstruations ne sont finalement pas si différentes, toute proportion gardée. «Nous avons réalisé notre film en Tanzanie sur la vie des femmes menstruées là-bas, mais la précarité menstruelle existe aussi en Suisse» souligne Aurélie Monnier, qui a initié le projet il y a deux ans. «Avec Emily, nous souhaitons utiliser ce film comme plateforme pour faire parler sur le sujet, pour le rendre visible.»
De quoi ouvrir la discussion après la diffusion du film. Et surtout, inviter toute femme qui a envie d’apporter son témoignage à en parler. Car c’est bien la parole qui fait avancer les choses, rassemble, renforce, rassure. C’est un des constat d’Aurélie Monnier, qui appréhendait un peu avec sa co-réalisatrice d’aller tendre son micro et sa caméra à des femmes pour leur faire raconter leurs règles. De sa propre expérience, elle se souvient que le sujet n’était pas ou peu abordé.
Un tabou en recul
Une expérience qui est universelle, comme elle a pu le constater lors du tournage en Tanzanie. «Quand on posait à ces femmes des questions générales sur leur vie quotidienne, elles n’étaient pas très enthousiastes, par contre quand arrivait la question sur leurs premières règles, elles étaient contentes d’en parler et avaient très envie de le faire. Le tabou était parfois plus de notre côté que chez ces femmes tanzaniennes.» Plus on en parle, plus ça devient simple de le faire?
Et la sociologue d'ajouter: «Le fait d’entendre parler des gens au-delà d’une discussion avec un médecin ou des proches, sur les réseaux sociaux ou lors d’événements comme «Menstrutopies» ça permet de faire un travail de réflexivité pour les personnes qui entendent les témoignages. Ça crée de nouvelles réalités autour des menstruations et ça fait se poser des questions sur son propre vécu.»
«Menstrutopies», Cinéma l’Empire, rue de Carouge 72-74, 1205 Genève, dès 18 h 15. Gratuit, sur inscription.
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