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Cinéma

«Emmanuelle» fait son retour, 50 ans après le premier film

«Emmanuelle» fait son retour, 50 ans après le premier film

Noémie Merlant incarne Emmanuelle dans l’adaptation de 2024.

© MANUEL MOUTIER

Drôle d’époque pour un come-back du calibre d’Emmanuelle. Pourtant, l’héroïne inspirée du roman d’Emmanuelle Arsan revient au cinéma le 25 septembre 2024. À contre-courant, est-on tenté de penser, dans une époque qui condamne – à juste titre – les comportements abusifs, notamment sexuellement, des hommes envers les femmes. Dans le contexte de notre ère clivante, il est impossible de ne pas songer au télescopage de la réalité avec la fiction.

La marche des machos

Au moment de son retour sous la direction d’une femme, Audrey Diwan, connue pour son engagement politique et féministe, Lion d’or à la Mostra de Venise 2021 pour L’événement, le parcours de l’ancienne journaliste devenue réalisatrice intrigue autant que sa version du film érotique culte.

Cinquante ans après la première apparition d’Emmanuelle sur grand écran, contextualisons les années 70, en évitant d’emblée la sempiternelle réplique à la papa: «Ah, mais les années 70, c’était une autre époque!» Ouf, ce réflexe «boomeresque» qui tend à pardonner, peine à minimiser les dégâts collatéraux de la banalisation de ce que l’on dénomme aujourd’hui la culture du viol. Rappelons que le mot machisme emprunté à l’espagnol mexicain fait son apparition dans le vocabulaire francophone en 1971.

Placée sous le signe de l’hédonisme, la décennie prône la liberté sexuelle tous azimuts. Sans s’offusquer de certaines déviances, comme l’attirance proclamée d’une poignée d’hommes célèbres pour les très jeunes filles, par exemple. Quelques-uns d’entre eux, tels que le photographe David Hamilton ou l’écrivain français Gabriel Matzneff, en font même leur fonds de commerce et s’en vantent sur les plateaux de télévision.

Aujourd’hui, cela semble impensable aux yeux de la loi. À l’époque, c’est un fantasme assumé. Avec le recul, la frénésie sexuelle que l’on attribue aux années 70 ressemble au présage d’un dernier souffle avant que ne s’abatte sur la décennie suivante l’épée de Damoclès du sida.

Esthétique porno chic

Si la sexualité fait peur durant le pic de l’épidémie mortelle dans les années 80, l’industrie du porno ne connaît pas la crise. Et inspire la mode, comme Emmanuelle avec ses voilages transparents dans les années 70. Pour conjurer le mauvais sort dans une stratégie commerciale, l’Américain Tom Ford invente l’esthétique porno chic dans les années 90. Coup de génie du directeur artistique de Gucci qui fait renaître de ses cendres la maison florentine à travers des campagnes-chocs.

Rien n’a vraiment changé à l’ère du tout numérique. Les contes pour enfants narrent inlassablement l’illusion de l’amour plus fort que tout, mais l’industrie du divertissement ne tarde pas à rappeler dès l’âge de la puberté que le combo fric et sexe mène le monde. Une réalité qui se convertit en clics. Tandis que certains secteurs sont à l’agonie économiquement, l’industrie du porno ne connaît toujours pas la crise. Une reconversion professionnelle en vue? La plateforme OnlyFans vous accueille à bras ouverts! Cash-flow assuré.

50 ans, l’âge d’or d’Emmanuelle

Dès les années 70, Emmanuelle se hisse au rang totémique des héroïnes qui atomisent tous les fantasmes. Masculins et féminins confondus. À la sortie du film en France, la bien-pensance s’indigne pendant que les protagonistes du film se frottent les mains. Juteuse affaire que le scandale. Peu étonnant, le film de Just Jaeckin rencontre un succès mondial fulgurant. Comme Les dents de la mer dans un autre registre en 1975, il y a un avant et un après Emmanuelle au cinéma. Un triomphe qui donnera lieu à de nombreuses suites. Et même une série télé.

Sylvia Kristel dans la première version d'«Emmanuelle» en 1974, sur un fauteuil resté dans les mémoires. © TRINACRA FILMS/ORPHEE PRODUCTIONS

Aujourd’hui, au vu de l’éveil des consciences autour du consentement, la complexité du personnage réduit au statut de femme-objet dans les années 70 peut donner lieu à une nouvelle lecture, une forme d’antidote à la malédiction de l’emprise des hommes sur les femmes soumises.

Lorsqu’elle rejoint son mari à Bangkok, Emmanuelle n’attend pas d’être désirable pour un homme, c’est elle qui choisit ses partenaires en toute liberté. C’est également elle, en prise à ses désirs, qui choisit de prendre son plaisir, quand elle le veut, avec qui elle le souhaite. Sans que personne ne lui dicte sa conduite. Qu’en sera-t-il de ces nouvelles aventures à Hong Kong sous la direction d’Audrey Diwan, avec Noémie Merlant, Naomi Watts et Will Sharpe à l’affiche? Réponse dans les salles romandes dès le 25 septembre 2024.


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