Géraldine Savary: «14 juin 2024, vers la fin du patriarcat?»

Une lectrice nous a écrit cette semaine: «Il ne se passe pas un jour sans que vous y ajoutiez le mot patriarcat, comme si le patriarcat était du cyanure. Et surtout quand il est valaisan. Mais quand ce patriarcat produit des femmes d’exception, pas un mot.» Elle rappelle que la justice et le parlement sont désormais aux mains de trois femmes, «du jamais vu dans l’histoire suisse».

Première remarque en forme de mea culpa: oui, trop souvent, notre œil est attiré par les événements et actualités qui se déroulent sur l’arc lémanique et nous négligeons d’évoquer les forces, les changements, la créativité qui crépitent dans les autres cantons romands.

Profitons de ce courrier à quelques jours de la journée du 14 juin, pour saluer en particulier l’accession des trois femmes au perchoir du Grand Conseil. Ces dernières, interrogées par Le Nouvelliste, commentent leur élection en ces termes: «Cela ne contrebalance pas l’absence de femmes à l’Exécutif» (Patricia Constantin, future première vice-présidente) et «cette situation ne doit pas être exceptionnelle mais devenir la norme» (Muriel Favre Torelloz, future présidente). La deuxième vice-présidente, Céline Dessimoz, conclut: «Quand on préside le Grand Conseil, il y a un devoir de représentation important et ce sont précisément les hommes qui l’ont tenu jusqu’ici.»

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Voilà donc le patriarcat qui prendrait la poussière. Est-ce la fin de l’histoire? Le patriarcat serait remisé à la cave comme le fut la guerre froide il y a trente ans (et on voit ce que ça donne aujourd’hui)? Le moment où on range les mégaphones, les motions, les pétitions, les grèves et les foulards? Le mouvement féministe, tel qu’il s’est imposé à l’agenda depuis quelques années, est désormais attaqué. Il serait devenu revanchard, traversé par des crises, un bruit de fond irritant en périphérie des grands enjeux du monde. Il y aurait même crêpage de chignons, comme on disait avant.

Pardon de déranger, mais n’est-ce pas un peu court, et bien facile, de discréditer des mouvements à l’origine des changements qui justifient ensuite qu’on n’en ait plus besoin? Pour le savoir, nous avons réuni six femmes de milieux et d’opinions différents. Pour faire le point, pour évoquer de nouvelles pistes. À les écouter, sûr qu’il y a encore du chemin à parcourir.

Retrouvez cet édito dans le magazine «Femina» du 9 juin 2024. Notre dossier «14 juin: 6 femmes engagées débattent en faveur de l'égalité» est à lire dès le 10 juin 2024 sur Femina.ch.