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ÉDITO

Géraldine Savary: «Gaza, le trauma d’une génération»

Geraldine savary la violence domestique est un fleau

«Difficile de leur rappeler les leçons de l’histoire quand on donne l’impression de n’avoir rien appris» - Géraldine Savary, rédactrice en chef de Femina

© ELSA GUILLET

Chaque génération finit par avoir sa guerre. Le monde a beau avancer avec le progrès, inventer les antibiotiques, l’AVS et l’IA, panser ses plaies, réfléchir à ses erreurs, instaurer des instances internationales démocratiques, des règles pour protéger les civils, des tribunaux pour juger les grands crimes, des sanctions pour ceux qui les perpétuent, le bruit des canons et des bombes résonne encore et encore dans la nuit, y compris dans notre pays qui se tient au bord des champs de bataille.

Nos parents sont nés avec le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, ils nous ont transmis cet héritage en espérant qu’on ferait mieux, ou moins pire, en tout cas plus jamais ça. Nous avons connu la guerre du Vietnam, la guerre en ex-Yougoslavie, la guerre en Irak et je ne vous parle que des conflits dont l’écho est venu jusqu’à nous. Nous avons pleuré pour des morts, nous avons vu avec effroi des charniers, des victimes civiles gisant sous les décombres. Quand la Russie a envahi l’Ukraine, nous avons pensé que les vieilles blessures s’ouvraient à nouveau: non-respect des populations civiles, destruction massive et volontaire du patrimoine construit, des églises, des champs, des fleuves, viols, vols, tranchées.

Communauté internationale résignée

Pour la nouvelle génération, celle qui se mobilise dans la rue, dans les écoles et dans les universités, leur triste guerre, celle qu’ils vivent en direct, dans leur chair et sur les réseaux sociaux, celle qui restera imprimée dans leur mémoire et qu’ils raconteront plus tard à leurs enfants, se passe à Gaza. Les jeunes qui se mobilisent ne comprennent pas que la communauté internationale se résigne à cette violence, que les règles auxquelles elle a décidé de se soumettre ne soient pas respectées, que la Cour pénale de La Haye puisse ordonner l’arrêt des bombardements sur Rafah et qu’elle ne soit pas écoutée.

Ils ne comprennent pas cette humanité à deux vitesses, qu’on puisse fermer les yeux ou regarder ailleurs quand les valeurs que nous étions censés leur transmettre sont à ce point bafouées. Ils n’ont pas grandi comme nous avec la mémoire de la Shoah, cette grande cicatrice du XXe siècle, et ce qui est toléré actuellement les en éloigne encore plus grandement. Difficile de leur rappeler les leçons de l’histoire quand on donne l’impression de n’avoir rien appris.

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