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Élections en France

Géraldine Savary: «RN, le spectre des libertés bafouées»

Edito Geraldine Savary redactrice en chef Femina

«Si le Rassemblement national lance des saillies contre les étrangers et les binationaux, son programme ne dit pas qu’il faut [...] humilier les femmes, punir les pauvres [...] Mais très vite, c’est bien ce qui arrive.»

© ELSA GUILLET

Enfin, le parfum des vacances embaume l’air et nous pourrons délaisser provisoirement les grandes tensions qui bouleversent le monde. Rien de plus légitime que de se faire plaisir quelques semaines par année, de passer et de donner du temps aux personnes que l’on aime, de lire de gros romans, de siester, nager, de marcher sur une plage, de gravir un sommet, ou de déambuler dans une rue ombragée.

Oui, mais où? À voir la carte brune qui sort du résultat des législatives françaises, est-ce qu’on a envie, quand on est une jeune femme engagée pour ses droits et pour l’égalité, d’aller se balader à Nice ou sur le pont du Gard? Est-ce qu’un couple LGBT se sent à l’aise d’arpenter, main dans la main, le Nord-Pas-de-Calais? Est-ce qu’on sera bien accueilli, quand on est une famille avec des revenus modestes, au moment de visiter Chambord et son château, qui a voté à près de 50% pour un parti opposé à l’augmentation du Smic et des salaires?

En France, le Rassemblement national a gagné le premier tour des élections législatives à la régulière (le 30 juin 2024, le second tour se déroulera le 7 juillet, ndlr). Il s’est soumis à l’exercice démocratique, et s’il obtient des résultats pareils c’est autant pour sa manière de coller au sentiment de déclassement d’une partie de la population qu’à l’espace laissé par ses adversaires. La preuve, là où il y a des bus, des trains, des crèches, des postes de police, des écoles et des hôpitaux, le RN a trépassé.

Libertés fondamentales bafouées

Jouer le jeu de la démocratie ne signifie pas qu’ensuite, on n’en changera pas les règles. Le Hongrois Viktor Orbán n’a pas truqué les élections en 2010, ni Jaroslaw Kaczynski en Pologne en 2015, ni Giorgia Meloni en 2022 au moment d’accéder à la tête de l’Italie. Aucun d’eux n’a annoncé vouloir changer la Constitution, ni démanteler l’État de droit. Aucun d’eux n’a proposé, au moment de se présenter devant le peuple, de mettre au pas les médias, la culture, la justice. Ni de réduire les politiques en faveur de l’égalité entre les genres ou des minorités sexuelles.

Si le RN lance des saillies contre les étrangers et les binationaux, son programme ne dit pas qu’il faut «aller casser du pédé», humilier les femmes, punir les pauvres, les pas chanceux, les nés au mauvais endroit. Mais très vite, c’est bien ce qui arrive. Les libertés fondamentales sont bafouées, les libertés individuelles réduites ou supprimées, et tels de méchants clébards, les partis d’extrême droite finissent toujours par mordre le corps électoral qui les a nourris.

Cet édito est à retrouver dans le magazine Femina du 7 juillet 2024.

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