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Géraldine Savary: «Stop aux récoltes agressives de dons»

Geraldine savary stop aux recoltes agressives de dons

«Nous devons pouvoir exercer nos droits démocratiques comme notre engagement individuel sans pression.» - Géraldine Savary

© ELSA GUILLET

Chaque jour, je passe devant la gare, et il y a quelque temps, un jeune m’interpelle en disant: «M’dame, m’dame, comment vous pouvez être si belle?» Évidemment, comme ce genre de compliment se fait très rare, je m’arrête. Le gars en profite alors pour me tirer vers son stand où il vend un soutien à une association caritative.

Un autre, une autre fois, me hèle en lançant: «Hé Shakira, ça va?» (Shakira? Vraiment?); là aussi, interloquée et mal réveillée, je ralentis et ses collègues me poussent devant un ordinateur avec lequel je suis censée sauver des dauphins, des enfants, ou des forêts en Amazonie en autorisant un ordre de paiement depuis mon compte bancaire.

Nous avons pu lire sur 24 heures cette semaine comment l’arnaque aux signatures pour les initiatives populaires dévoyait la démocratie. On pourrait aussi se plaindre de la présence insistante, envahissante de ces escouades qui monopolisent l’accès aux gares et développent des stratégies très (trop) offensives.

J’ai vu des personnes âgées signer des ordres permanents pour l’association Quatre Pattes, des jeunes verser leur argent de poche pour le WWF parce qu’on leur assène: «Vous voulez voir mourir les ours blancs?» ou des femmes qui se laissent convaincre de contribuer à des programmes contre l’excision.

Générosité maltraitée

Il est entendu que ces organisations et ces associations qui s’engagent contre les injustices, pour la protection des êtres humains, des espèces et de l’environnement ont tout mon soutien. Elles vivent de nos gestes de solidarité et, à coup sûr, ce que l’on donne est utilisé à bon escient, aux bonnes personnes, au bon endroit. Mais ces techniques agressives de récolte de dons maltraitent notre générosité.

On est sollicité à un moment où on ne s’y attend pas, un moment qui nous appartient, enroulé dans notre périmètre intime. On est parfois perdu dans nos pensées, sur le chemin du travail ou en train de rentrer après une dure journée. Nous sommes vulnérables dans l’espace public, parce qu’âgés, pressés, stressés, bousculés.

Nous devons pouvoir exercer nos droits démocratiques comme notre engagement individuel sans pression. Pour le surplus, c’est à l’État de prendre ses responsabilités, tant dans le respect des droits populaires que dans le soutien renforcé à l’aide humanitaire, à la coopération et aux droits humains.

Retrouvez cet édito dans le magazine Femina du 8 septembre 2024.


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