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Disparition mystérieuse

Greta Garbo: D'actrice légendaire à parfaite anonyme

Greta Garbo: D'actrice légendaire à parfaite anonyme

Greta Garbo était célèbre dans les années 30, lors de l'âge d'or de Hollywood.

© GETTY IMAGES/ULLSTEIN BILD - BETTMANN ARCHIVE - ILLUSTRATION FEMINA

Greta Garbo. Son seul nom suffit à insuffler la splendeur et raviver la mémoire de l’âge d’or de Hollywood. En noir et blanc, Garbo est l’incarnation de la beauté fatale à l’écran durant la période du cinéma muet dans les années 20. Surtout, elle est la première à comprendre le potentiel d’une aura mystérieuse, une posture à contre-courant dans le star-system orchestré par les médias, alors en plein essor.

La voix à l’écran, c’est l’heure de vérité pour les stars du cinéma muet. Le virage du muet au parlant entre les années 20 et 30 laissera plus d’une actrice sur le côté de la route. Le point de bascule pour Garbo, c’est le film Anna Christie, réalisé par Clarence Brown, qui sort en salle en 1930 aux États-Unis. Mission accomplie. Le public est conquis par sa voix grave et les réminiscences de l’accent suédois de l’actrice, née le 18 ​septembre 1905 à Stockholm.

Ce tournant triomphant dans sa carrière lui vaudra son statut unique au panthéon des stars éternelles. Après tout, il n’y en a qu’une qu’on surnomme «la Divine». Ouvertement bisexuelle à une époque où l’on ne stigmatise pas encore les gens pour leur sexualité, l’actrice fait chavirer les hommes… et les femmes.

Une actrice mystérieuse et farouche

Pourtant, derrière la gloire et les paillettes, une autre histoire se trame. Plus complexe, moins lisse que la silhouette sublime de papier glacé, Greta Lovisa Gustafsson n’a pas grand-chose en commun avec Greta Garbo. Tempérament farouche, elle ne demande rien d’autre qu’on lui fiche la paix dans sa vie de tous les jours. Une posture jugée déconcertante par ceux qui voient en elle une poule aux œufs d’or.

À ce propos, elle rectifie un jour dans une interview: «Je n’ai jamais dit: «Je veux être seule.» J’ai simplement dit: «Je veux qu’on me laisse tranquille.» Toute la différence se situe dans cette nuance.» Voilà qui est clair. Loin du monde, elle n’aime rien tant que les longues balades en vêtements d’homme sous la pluie. Les obligations qui vont avec son rang? Très peu pour elle. Les invitations à dîner l’ennuient profondément: «Comment pourrais-je savoir si j’aurai faim ce jour-là?»

Elle ne fait rien comme les autres, et c’est précisément ce qui la rend magnétique. Là où d’autres actrices se font plumer par des banquiers crapuleux, elle refuse de confier son argent à une banque. À mesure qu’elle voit sa fortune personnelle s’amonceler et lui assurer son indépendance, sa personnalité sauvage s’affirme.

La rebelle de Hollywood

Robert Taylor, son partenaire dans Le roman de Marguerite Gautier de George Cukor en 1936, où elle incarne la Dame aux camélias, racontera plus tard sa surprise en découvrant les grosses godasses confortables que l’actrice portait sous ses somptueuses crinolines. Une anecdote à l’image de la star rebelle. Rebelle, elle n’a que des bonnes raisons de l’être.

Difficile à concevoir, tant sa beauté canonique incarne une certaine idée de la perfection, sa carrière démarre sur un délit de sale gueule. Elle n’oubliera jamais que si ce milieu l’encense désormais, les requins du show-business ne l’ont pas épargnée dès son arrivée à Hollywood, flanquée de son mentor suédois Mauritz Stiller.

À 20 ​ans à peine, les rondeurs adolescentes de Greta lui valent un premier coup bas de la part de l’affreux et puissant Louis B. Mayer, cofondateur de la Metro Goldwyn Mayer (MGM). Ce dernier la surnomme alors «la grosse vache nordique». Pour l‘élégance du monsieur, on repassera.

Solide, elle ne se démonte pas pour autant. Entourée de professionnel-le-s de l’image, notamment le photographe Arnold Genthe, affilié à Vanity Fair, elle façonne son allure dans la lumière. Cheveux coupés et lissés, silhouette affinée et sourcils redessinés en circonflexes, d’un seul coup d’œil elle ensorcelle tout le monde sur son passage. Pas dupe pour autant, elle est consciente de l’absurdité de sa propre situation:

«Je ne veux pas être une tentatrice stupide. Je ne vois pas l’intérêt de se déguiser et de ne faire que tenter les hommes sur les photos.»

Anonyme à New York

Maîtresse de son destin, la superstar de la MGM écrit sa propre légende dans le contrôle de son personnage public. Lucide et combative, elle ne se laisse pas dicter sa conduite. Des décennies avant l’éclosion du mouvement MeToo, elle lâche un jour d’un ton clairvoyant à un journaliste: «Si seulement celles et ceux qui rêvent de Hollywood savaient à quel point c’est difficile.»

Très secrète sur sa vie privée, elle dédie son talent et sa beauté à l’écran. En 1941, après son dernier long-métrage sous la direction de George Cukor dans La femme aux deux visages, elle décide de se retirer à 36 ​ans. Plutôt renoncer à sa gloire que voir son éclat se faner sous les projecteurs. Sa décision n’appartient qu’à elle et elle sera sans retour. Elle prend un vol aller simple de Los Angeles à New York, pour ne jamais revenir dans la Cité des Anges.

Loin de l’industrie qui l’a hissée au rang de sa propre mythologie, elle se fond dans un anonymat jalousement gardé. Si ce n’est au détour de ses promenades emmitouflée et camouflée derrière ses fameuses lunettes noires dans Central Park, on ne verra plus «la Divine» dans l’espace public. Jusqu’à sa mort à New York en 1990, à l’âge de 84 ​ans, les médias respecteront sa volonté d’effacement. Et contribueront ainsi à forger sa légende de star la plus mystérieuse de tous les temps.

Bio

1905 Naissance à Stockholm, en Suède.

1923 Elle prend le nom de Garbo.

1925 Greta Garbo arrive à Hollywood.

1933 La reine Christine sort en salle aux États-Unis, le film de Rouben Mamoulian demeure son plus gros succès au cinéma.

1941 L’année de la sortie de son dernier film, le long métrage de George Cukor La Femme aux deux visages, Greta Garbo disparaît des écrans, s’envole pour New York et ne reviendra jamais à Hollywood.


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