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Paris 2024: Rencontre avec la paracycliste Celine van Till

Jeux paralympiques 2024 rencontre avec la paracycliste celine van till

Celine van Till est devenue championne du monde du contre-la-montre et vice-championne du monde sur route en 2023.

© GABRIELLE MONNET

Elle fait partie des personnalités sportives qui font la fierté de la Suisse. Le parcours de Celine van Till force l’admiration et témoigne d’une résilience à toute épreuve.

Après un accident d’équitation en 2008, elle tombe dans le coma à l’âge de 17 ans. Elle se réveille un mois plus tard, mais doit tout réapprendre. Partiellement tétraplégique, malvoyante et avec des capacités mentales fortement diminuées, elle ne lâche rien et entame une «résurrection» auprès de ses chevaux. Elle vit désormais avec des troubles de l’équilibre et de la coordination et un handicap visuel.

En dehors du sport, Celine van Till siège au Grand Conseil genevois en tant que PLR et a rejoint l'Armée suisse. Elle a également rédigé trois livres, dont le dernier, Handicap, une vie de tous les jours, sorti en mars 2024 aux Éditions Slaktine et co-écrit avec Zahi Haddad. L'ouvrage dresse le portraits de personnalités romandes avec un handicap.

Depuis 2022 – après avoir évolué en para-dressage jusqu’en 2017 et en athlétisme de 2018 à 2021 – la Genevoise pratique le paracyclisme avec succès: elle est championne du monde du contre-la-montre et vice-championne du monde sur route en 2023. Son objectif est désormais d’obtenir l’or aux Jeux paralympiques de Paris 2024.

FEMINA Les Jeux paralympiques débutent le 28 août 2024, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous?
Celine van Till Je suis très contente et je me réjouis beaucoup d’y être. La concurrence va être rude, mais je me sens prête et je suis en très bonne forme. Je sors d’un entraînement intensif d’un mois au centre national de sport de Macolin, dans le canton de Berne. J’ai vraiment voulu mettre toutes les chances de mon côté, par le biais de mon engagement personnel et de ma préparation physique, mentale et même matérielle.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos entraînements?
J’ai, par exemple, dormi dans une chambre où l’oxygène simulait les conditions que l’on trouve à 2500 mètres d’altitude et j’ai également participé à des séances d’entraînement intensives. C’était vraiment essentiel de tout faire pour être au meilleur de moi-même durant les épreuves, notamment pour le contre-la-montre. C’est la discipline où je suis la plus forte et j’ai pour la première fois également optimisé mon matériel. J’ai un nouveau vélo sur lequel on a beaucoup travaillé pour que l’aérodynamisme soit renforcé et j’en ai un autre pour les compétitions sur route. Je vais désormais récupérer, me reposer et diminuer la charge d’entraînement avant une réactivation – du corps et de l’esprit – juste avant les épreuves.

Que représentent les Jeux paralympiques pour vous?
C’est une opportunité à saisir pour transmettre des messages forts et faire bouger les choses.

De nombreuses personnes peuvent être incitées à pratiquer un sport, malgré un handicap.

Cela permet également de le visibiliser ainsi que certains de nos besoins, comme une meilleure accessibilité. Cela ne doit pas avoir lieu uniquement durant les Jeux, mais être ancré durablement au sein de la société. Nous allons pouvoir mettre en avant les incroyables compétences des personnes en situation de handicap, car on parle souvent de ce qui est difficile, mais je trouve important d’aussi mettre en avant le positif.

Comment votre entourage réagit lors de cette période importante?
Ma famille et mes amis me soutiennent énormément. Je suis très proche de ma maman et je suis vraiment ravie car elle sera sur place pendant mes courses. Et d’autres proches vont aussi faire le déplacement. En ce moment, je suis vraiment focalisée sur ma préparation et je n’ai pas beaucoup de temps pour être présente, je ne suis pas très flexible, mais certains proches sont venus me voir durant mon entraînement intensif et c’est un geste précieux.

Vous êtes passée par plusieurs sports, l’équitation, l’athlétisme: comment le cyclisme est finalement arrivé?
J’ai, en effet, passé 10 ans avec l’équipe suisse d’équitation – trois avant mon accident, sept après. Puis, j’ai eu besoin de nouveaux défis et j’ai commencé l’athlétisme. Mais j’ai dû renoncer à cette discipline en mai 2021, quelques mois avant les Jeux paralympiques de Tokyo, à cause d’une mauvaise chute et de problèmes de maux de tête et de vertiges. Je ne voulais pas prendre le risque d’une dangereuse chute et j’avais décidé de mettre fin à ma carrière. Ma retraite sportive n’a finalement duré que six mois et c’est là que j’ai saisi l’opportunité de me lancer dans le cyclisme, ce qui n’était pas du tout prévu à la base. Depuis, je m’éclate dans cette discipline où j’ai atteint le niveau sportif le plus élevé de ma carrière avec un titre de championne du monde.

Vous êtes en effet devenue championne du monde du contre-la-montre en 2023, qu’avez-vous ressenti à ce moment-là?
C’était vraiment la cerise sur le gâteau de tout le travail que j’avais effectué et de mon engagement depuis plusieurs années dans le sport. Il faut savoir que, deux semaines après les Jeux paralympiques, les Championnats du monde de paracyclisme sont organisés à Zurich. C’est un enchaînement qui n’arrive jamais, il va donc falloir se reposer mais rebondir très vite pour enchaîner et défendre mon titre mondial à domicile.

Souhaitez-vous faire passer un message à travers vos victoires?
J’aimerais pouvoir inspirer de nombreuses personnes à se lancer dans le sport, notamment les femmes, qui sont de plus en plus nombreuses, tout comme les sportifs-ves en situation de handicap.

Cela me permet de montrer que oui, c’est possible, on peut réaliser ses rêves et atteindre des objectifs, même aussi élevés.

Cela peut prendre beaucoup de temps, il faut faire des choix difficiles, parfois réorienter sa carrière et surtout saisir les opportunités qui s’offrent à nous. Je souhaite aussi montrer l’importance de se relever, même après une chute, parce que oui, des accidents et des blessures arrivent, même un peu plus souvent quand on vit avec un handicap. Pendant toute carrière sportive, on est confronté à des périodes difficiles. Mais on est capable d’accomplir de belles ambitions, pour soi, mais aussi pour les autres.

Vous avez un parcours impressionnant et vous avez toujours su vous relever. Le sport aide-t-il à avoir un tel mental?
Le sport est une école de vie qui forge. La clé de ma persévérance, c’est l’accident que j’ai vécu en 2008 et qui m’a plongé dans le coma.

Cela m’a demandé de surmonter des obstacles très difficiles et il n’y avait qu’une solution pour revenir à la vie: c’était de me battre encore et encore.

Les résultats n’étaient parfois pas tout de suite visibles, mais ils étaient pourtant là et il fallait continuer à avancer. Bien entendu, je suis passée par des épreuves très difficiles, telles que la dépression, mais je me suis relevée.

Vous êtes élue au Grand Conseil genevois et vous faites partie des sportives d’élite au sein de l’armée. Qu’est-ce que ces autres facettes disent de vous?
Ces différents rôles me permettent de me mettre au service de mon pays. En politique, ma motivation de siéger au Grand Conseil est liée à mon désir de mettre la main sur les dossiers pour faire avancer les choses. Car c’est là que se mènent les débats. Pour l’armée, j'ai pu faire l’école de recrues en sport d’élite grâce à mes performances sportives. Les personnes en situation de handicap y sont inclues depuis plusieurs années. En tant que soldat sport, mon rôle est de défendre la Suisse par le succès international, un comportement exemplaire et en partageant la valeur de l’effort.


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