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Journées du Matrimoine 2024: Une première édition à Lausanne

Journées du Matrimoine 2024: Une première édition à Lausanne

Sujettes, du féminin de «sujet» (parce que les femmes sont sujets et non plus objets d'histoire), est l'association codirigée par Sarah Gutierrez, Amélie Kolly et Carla Caucotto, qui organise les Journées du Matrimoine à Lausanne.

© NAOMI PICCIRELLI

À l'instar des Journées du matrimoine de la Ville de Genève, dont la quatrième édition s'est déroulée du 6 au 8 septembre 2024, Lausanne aura désormais sa propre manifestation cette année grâce à la jeune association engagée Sujettes.

Concept imaginé à Paris en 2015 sous l'impulsion de la chercheuse et metteuse en scène Aurore Evain, avec le Mouvement HF pour l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture, le rendez-vous désormais étendu à plusieurs villes francophones part d'une volonté de mettre davantage en lumière l'héritage culturel féminin en marge des traditionnelles Journées européennes du patrimoine.

«Matrimoine» n'existe plus dans le dictionnaire. Toutefois, ce n'est pas un néologisme, assure Carla Caucotto, co-directrice de Sujettes. «Ce mot existait au Moyen Âge pour désigner les biens matériels hérités de la mère lors d'un mariage, un concept cantonné à la sphère privée, contrairement au patrimoine qui s'est développé dans la sphère publique. C'est seulement dans les années 2010 qu'on a commencé à utiliser ce terme pour parler des biens (im)matériels hérités des femmes dans le domaine de la culture», explique cette spécialiste en représentation du matrimoine dans le secteur culturel.

Mais pourquoi séparer matrimoine de patrimoine? «Il ne s'agit pas d'instaurer une opposition.»

«Les Journées du Matrimoine ambitionnent d'être un outil critique pour questionner: à quoi donnons-nous de l'importance? Quels parcours, quelles productions, quelle figures?», réplique l'organisatrice.

«L'apport féminin est sous-représenté lors des Journées du patrimoine. Notre objectif est d'ouvrir les regards et de visibiliser les femmes qui ont participé à notre histoire, mais qui ont été invisibilisées.»

Objectif: visibiliser l'héritage culturel des femmes, en Suisse et à Lausanne

Le projet lausannois a vu le jour grâce à cette médiatrice culturelle. Alors étudiante à Bruxelles pour son Master, Carla Caucotto est stagiaire pour la Saison Matrimoine et ambitionne de lancer la première édition une fois de retour dans sa ville. Elle lance un appel sur les réseaux sociaux et c'est ainsi que Sarah Gutierrez et Amélie Kolly, toutes deux titulaires d'un Master en études de genre, répondent présentes. Les trois jeunes femmes, désormais amies, ont travaillé bénévolement pendant une année afin de mettre en place les Journées du Matrimoine de Lausanne.

Au cœur de cette édition inaugurale, trois figures historiques qui ont marqué la Suisse: Aloïse Corbaz, artiste lausannoise emblématique de l'Art brut, l'architecte zurichoise Lux Guyer et la conseillère nationale Tilo Frey, première Afrodescendante élue au parlement. «Une table ronde le vendredi soir rendra femmage à ces figures et les présentera au grand public. L'idée est de donner un coup de projecteur à des personnalités peu connues et d'aborder le travail d'archive par le prisme du genre. Il est étonnant par exemple de constater que très peu d'informations existent sur Tilo Frey.»

«C'est toujours un défi de parler des personnes invisibilisées», confesse Carla Caucotto.

Une édition accessible et riche en activités culturelles

Côté programmation, les Journées du Matrimoine de Lausanne proposent 15 événements, dont certains ayant lieu plusieurs fois dans le week-end. Particulièrement varié, le menu affiche par exemple une conférence sur la place et le rôle des femmes dans le monde du spectacle (vendredi à 10 h), une visite guidée sur l'histoire féminine de Lausanne au Musée historique de la ville (vendredi à 16 h 30 et dimanche à 14 h) ou encore une initiation sportive et ludique au longboard dancing, en compagnie de l'équipe féminine de skate Longboard Girls Crew (dimanche à 12 h), et qui a pour but de valoriser la réappropriation de l'espace public par les femmes et les filles.

«Les Journées du Matrimoine s'adressent à tout le monde. Pas besoin d'un bagage en études de genre pour y participer», assure Carla Caucotto.

«J'espère que la manifestation pourra éviter l'entre soi et toucher un public large. C'est pourquoi nous avons à cœur de proposer des événements adaptés aux familles.»

Plusieurs activités s'adressent en effet aux enfants. Par exemple, «Les promenades de Floriane», des balades guidées menées par Floriane Nikles, sur les traces des pionnières méconnues de Lausanne (samedi à 10 h et à 14 h) et à travers les rues baptisées en l'honneur de figures féminines (dimanche à 10 h et à 14 h). Mais aussi l'atelier «Ville en tête», qui propose aux plus jeunes de réfléchir de manière ludique à l'organisation genrée d'une cour de récréation (samedi et dimanche à 10 h 30).

Les Journées du Matrimoine de Lausanne se déroulent dans divers lieux du centre-ville (indiqués sur le programme). Le quartier général se tiendra toutefois à Pyxis, dans le quartier de la Cité, où une librairie éphémère engagée proposera des ouvrages de réflexion en rapport avec les thématiques abordées durant la manifestation. Tous les événements sont en accès libre, dont certains sur inscription.

Trois rendez-vous à ne pas manquer

La conférence «Penser le matrimoine»

Quand? Vendredi 20 septembre 2024, à 18 h 30 à Bibliomedia

Carla Caucotto anime régulièrement des conférences sur la thématique du matrimoine dans le secteur culturel. Dans de nombreux domaines, l'héritage des femmes a régulièrement été invisibilisé au cours de l'histoire. La médiatrice revient lors de cette présentation sur le sens du matrimoine, ses objectifs et les initiatives citoyennes existantes, tout en faisant des liens entre cet héritage et les enjeux actuels autour de la place des femmes dans notre société.

La balade «Femmes et architecture» (sur inscription)

Quand? Samedi 21 septembre 2024, à 11 h et à 14 h au collège de Saint-Roch

«Qu’est-ce que l’architecture fait aux femmes? Quels espaces urbains ont-elles investis? Comment sont-elles (in)visibilisées dans la ville?» Alexandra Ecclesia, Gaëlle Nydegger et Clara Lauffer emmènent le public pour une promenade édifiante dans la ville, afin de proposer une lecture de Lausanne à travers le prisme du genre. L'occasion d'observer d'un œil nouveau logements ouvriers et grands magasins familiers que l'on n'a jamais vraiment pris le temps d'analyser.

La table ronde «Quels héritages passés et matrimoine présents?»

Quand? Dimanche 22 septembre 2024, à 16 h 30 à Pyxis

La manifestation clôt le week-end avec cette table ronde (suivie d'un apéro) qui questionne les traces laissées par les femmes racisées, mais également leur héritage et leur transmission. Seront réunies pour l'occasion l'historienne et fondatrice de la plateforme littéraire Afrolitt’ Pamela Ohene-Nyako et ses invitées Flèche Love, musicienne et chanteuse qui explore ses racines algériennes dans son dernier album Guérison, la graphiste et photographe Claudia Ndebele, qui explore notamment les ambivalences identitaires des personnes afrodescendantes nées en Europe, et enfin Kaziwa Raim, activiste intersectionnelle spécialiste de prévention contre le racisme.

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