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Les 8 moments sexistes des JO de Paris 2024

Les 8 moments sexistes des jo de paris 2024

De g. à d.: La judokate française Romane Dicko, la gymnaste artistique américaine Simone Biles, et la DJ française Barbara Butch, toutes les trois victimes de sexisme et de cyberharcèlement pendant les JO de Paris 2024.

© GETTY IMAGES/TOM WELLER-XAVIER-LAINE-SHANE-ANTHONY-SINCLAIR - ILLUSTRATION FEMINA

Romane Dicko: Trop «grosse» pour être une vraie athlète

Avant même de poser un pied sur le tatami des JO pour cette édition 2024, la judokate française Romane Dicko a dû affronter un adversaire impitoyable: le cyberharcèlement. Alors que les épreuves approchaient, la sportive, qui combat dans la catégorie des plus de 78 kg, a en effet été la cible d'attaques en ligne visant son physique. «Tu prépares les jeux olympiques du McDo?», «Tu vas faire les jeux olympiques pour obèses?», étaient le genre de commentaires hallucinants récoltés sous ses posts sur les réseaux sociaux.

Le 20 juillet dernier, la sportive décidait de publier une vidéo sur son compte TikTok dénonçant cette vague grossophobe à son égard, tentant d'expliquer sur un ton serein que sa silhouette ne posait aucun problème.

«Je fais du haut niveau et j’ai des bourrelets, oui, ça existe, et ça ne m’a pas empêchée de faire du judo à un très haut niveau, ça ne m’a pas empêchée de gagner les championnats du monde, ça ne m’a pas empêchée de gagner des médailles olympiques à Tokyo», rétorquait-elle à ses haters, avant de leur lancer: «On est fatigués. S’il vous plaît, grandissez. Ce n'est plus marrant ce genre de blague». Quoi qu'il en soit, Romane Dicko est revenue de ces JO de Paris avec une nouvelle médaille.

@romane_dicko Réponse à @ayayouye en tout cas merci pour tous vos messages d’encouragement ❤️ #Olympics #ChampionsTalk ♬ sonido original - SONIDOS LARGOS

Commentateurs sportifs: Les femmes «traînent un peu» et font «la cuisine»

«À gauche, il y a Sara Errani qui est la patronne, elle fait tout: la vaisselle, la cuisine, la serpillière», commentait Eric Salliot lors du match de tennis en double voyant l'Italienne affronter les Françaises Caroline Garcia et Diane Parry, en compagnie de sa compatriote Jasmine Paolini, le 30 juillet. Si l'athlète n'a rien entendu de ces propos d'un autre âge pendant l'épreuve, les internautes et les auditeurs qui suivaient le match, de leur côté, ont aussitôt sauté au plafond en entendant cette phrase sur l'antenne de RMC.

Une «plaisanterie» aux relents franchement sexistes qui, avouons-le, n'aurait jamais été prononcée s'il s'était agi d'un tennisman sur le court, et dénoncée par l'association française des femmes journalistes de sport (FJS) et l'Union des journalistes de sport en France (UJSF). Alors que montait rapidement la polémique, la radio a décidé de se désolidariser de son commentateur puis de le sanctionner, déclarant que ces «propos inacceptables ne correspondent ni aux valeurs du sport, ni à celles de RMC».

Un dérapage misogyne qui ne fut malheureusement pas unique lors de ces JO. Quelques jours plus tôt, c'est le commentateur Bob Ballard qui avait été exclu d'Eurosport UK pour des paroles du même acabit.

Alors que les athlètes australiennes célébraient leur victoire au 4x100 mètres nage libre le 27 juillet, le journaliste avait trouvé cette effusion un peu longuette à son goût, se fendant en direct d'un «Voilà, les femmes en terminent. Vous savez comment sont les femmes... elles traînent un peu, font leur maquillage». Dès le lendemain, la chaîne écartait son commentateur lourdingue des micros.

Ana Carolina Vieira: Privée de compétition pour avoir voulu voir la tour Eiffel

La nageuse brésilienne Ana Carolina Vieira a été exclue des compétitions de ces JO par sa propre délégation. A-t-elle triché? S'est-elle dopée? Ou s'est-elle mal comportée avec les autres athlètes ou les membres de l'organisation de l'olympiade? Rien de tout ça: le tort si terrible de la jeune femme est juste d'avoir voulu voir la tour Eiffel en mode visite express, en compagnie de son conjoint, qui lui aussi concourait aux JO en natation sous les couleurs du pays sud-américain.

Selon les responsables brésiliens, le couple aurait dû demander au préalable l'autorisation à la délégation. On pourrait en sourire si les conséquences n'étaient pas aussi dramatiques pour la nageuse de 22 ans, interdite d'épreuve alors que son compagnon, lui, a pu participer comme si de rien n'était à la prestigieuse compétition. La délégation, de son côté, justifie cette différence de traitement par le fait que la sportive aurait réagi de manière «agressive» lorsqu'on lui a reproché cette escapade en amoureux. Plus coupable parce que femme? On ne connaît ce refrain que trop bien…

D’autant plus que le scénario s’est répété avec une autre nageuse, paraguayenne cette fois: Luana Alonso, 20 ans, et qui avait pourtant terminé toutes ses épreuves, a été expulsée du Village olympique par son Comité après être allée visiter Disneyland.

Père d’une judokate: Embrasser une femme de force parce qu’on est content

L'organisation de l'olympiade parisienne a mis les moyens pour minimiser les risques d'agression sexuelle et de harcèlement dans le Village olympique, mais elle n'avait sans doute pas imaginé que certains oseraient commettre de tels actes en direct lors des épreuves. Ainsi, le 31 juillet, voyant sa fille triompher sur le tatami, le père de la judokate croate Barbara Matic a jugé bon de célébrer la victoire de sa progéniture en embrassant de force sur la bouche une bénévole des JO qui se trouvait juste à côté.

Visé par une plainte, l'homme est parti en garde à vue dès le lendemain, avant d'être rapidement relâché. Celui-ci a même vu la procédure «classée sans poursuite judiciaire» au motif que les images vidéos ne permettent pas de caractériser l'agression.

Simone Biles: Sa chevelure pose problème

Le monde a le privilège de pouvoir regarder évoluer en direct la plus grande gymnaste de tous les temps. Sauf que certaines personnes semblent plus absorbées par l'allure de ses cheveux que par ses performances. Alors que Simone Biles enchaînait les médailles lors des différentes épreuves à Paris, nombre d'internautes se sont offusqués de sa coiffure pas assez digne de l'événement selon eux.

Les haters du web pointent ainsi ses «cheveux en pétard», mettent en cause ironiquement son prétendu «styliste» ou l'invitent carrément à opter pour autre chose que ce chignon jugé désordonné. On la dit même négligée par rapport à ses collègues qui, elles, joueraient le jeu.

«La coiffure de Simone Biles n’est jamais faite correctement, ça m’énerve. Tous les autres membres de l’équipe sont bien coiffés, alors qu’elle a l’air de sortir du lit», s'énerve une utilisatrice du réseau social X.

Un comble quand on sait que l'athlète est récemment devenue ambassadrice de la marque de soins capillaires K18. Piquée au vif par ces attaques, l'intéressée a fini par réagir via deux stories postées Instagram «La prochaine fois que vous voulez parler des cheveux des filles noires, NE LE FAITES JUSTE PAS», indique-t-elle, expliquant ses quelques mèches rebelles par les longs trajets en bus depuis le Village olympique.

Interrogée par le site de Télérama début août, Lou Lubie, autrice de la BD Racines, voyait dans ces critiques absurdes le désir de corriger une femme noire qui ne semble pas à sa place dans une discipline qui fut pendant longtemps l'apanage des personnes blanches: «Je peux faire le parallèle avec la danse classique: une harmonie est souhaitée, et l’arrivée de danseuses noires dans les corps des ballets a parfois été vécue comme une rupture de cette harmonie, et entraîné des discriminations».

Pour l'artiste, cette vague de haine capillaire signe même l'envie de faire «rentrer dans le rang» celle qui est perçue comme une dissidente. «On ne discipline pas seulement les cheveux, mais aussi une personne. La femme doit se soumettre à ces injonctions», précisait-elle.

Des cadreurs mateurs sont recadrés

Les gros plans inutiles sur certaines parties du corps, le cadrage qui s'attarde sur des attitudes jugées sexy, les plongées ou contre-plongées visant à mieux faire contempler l'anatomie féminine... Toutes ces attitudes problématiques de la part de certains cadreurs masculins sont bien connues des compétitions féminines, alors que personne ne songerait à filmer la nuque, les fesses ou encore la bouche pulpeuse de Novak Djokovic en plein effort.

On pensait cette pratique d'un autre temps, pourtant les exemples ne se sont pas fait attendre lors de ces compétitions retransmises à la télévision. Des abus qui ont, heureusement, fini par être vite pointés du doigt. Le 28 juillet, soit dès le deuxième jour des épreuves, Yiannis Exarchos, boss de la société en charge de la diffusion officielle des JO, annonçait lors d'une conférence de presse avoir demandé à ses cadreurs de stopper immédiatement cette manie d'explorer le physique des sportives depuis leur caméra. Message plutôt bien reçu apparemment.

Barbara Butch: Une DJ trop LGBT et pas assez mince pour les haters

C'était l'une des figures marquantes de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris, vendredi 26 juillet: la DJ Barbara Butch œuvrait en grande prêtresse musicale du défilé de haute couture inclusive au-dessus de la Seine sur la passerelle piétonne Debilly. Mais à l'instar de nombreux autres protagonistes de l'événement que les conservateurs de toute la planète ont souvent jugé woke et décadent, l'artiste est, depuis, visée par un déferlement de haine sur internet, dont des menaces d'individus promettant de venir «l'égorger sur scène».

Choquée de devoir encaisser tant de violence homophobe, misogyne, antisémite et grossophobe, Barbara Butch a fini par déposer plainte pour cyberharcèlement il y a quelques jours. Même démarche pour Nicky Doll, l'une des drag-queens de la soirée, et pour le directeur artistique Thomas Jolly, sous le feu des haters d'extrême droite depuis deux semaines.

Natation artistique: Une discipline trop girly pour être masculine

Fait inédit et très certainement à saluer, ces Jeux Olympiques 2024 ont vu l'instauration d'une mixité parfaite dans les épreuves, avec autant d'athlètes féminines que masculins. Sauf, malheureusement, en ce qui concerne la natation synchronisée, aussi dite artistique.

Les faits sont là: l'olympiade parisienne ne comporte pas d'épreuve masculine de natation synchronisée car aucun athlète mâle n'a osé s'inscrire... laissant entendre que personne n'est prêt pour admirer des gambettes d'hommes virevoltant au-dessus de la surface de l'eau. Une anicroche que Los Angeles, prochaine ville hôte en 2028, pourrait corriger en montrant que les performances des femmes en contexte aquatique ne sont pas les seules à être «artistiques».


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