Ménopause: Deux podcasts romands en parlent sans tabou

Des millions de femmes la traversent et pourtant elle reste tabou. La ménopause est un sujet encore peu documenté, qui laisse de nombreuses questions en suspens pour celles qui la vivent. Face à ces interrogations, les romandes Charlotte Dumartheray et Julia Litzén ont décidé de mettre ce phénomène en lumière, chacune à leur manière. Par le biais de leurs podcasts respectifs, elles soulignent toutes deux l’importance d’en parler.

Vieille peau de Charlotte Dumartheray

Le premier épisode de Vieille peau est publié en avril 2024. Aujourd’hui, il en existe sept.

Au-delà de la ménopause, Vieille peau parle de la retraite, des cheveux blancs, de l’évolution de la sexualité ou encore de la perception du vieillissement dans le milieu du théâtre. Chaque épisode est rempli de poésie et navigue habilement entre le récit de la vie personnelle de son autrice et les témoignages récoltés.

Ce podcast est le premier de la comédienne genevoise, formée à la Manufacture de Lausanne, qui s’est lancée dans cette aventure suite à un constat. «J’ai réalisé que j’avais complètement intégré l’idée selon laquelle il était terrible de vieillir, que le vieillissement était synonyme de déclin, en particulier chez les femmes», se souvient Charlotte Dumartheray. Naît alors en elle le désir de questionner le regard que l’on porte sur le vieillissement et de tenter de dédiaboliser ces étapes de la vie.

La trentenaire réalise un premier épisode introductif, qui gagne le prix du jury 2022 du festival de radio et podcast SONOHR. Elle y rencontre l’équipe entièrement féminine de l'association Reportage, qui soutient la création sonore en Suisse romande. Avec leur appui, la comédienne se lance dans la conception d’une série de sept épisodes, aujourd’hui entièrement publiée.

F***ing fifties animé par Julia Litzén

Le podcast F***ing fifties voit quant à lui le jour en mai 2024. Chaque épisode traite une facette de la ménopause, dont les bouffées de chaleur, la prise d’hormone ou encore la sécheresse vaginale. Un-e expert-e est à chaque fois invité-e pour apporter ses connaissances.

Cette Lausannoise, qui a exercé une activité de thérapeute pendant près de quinze ans, a élaboré ce projet avec trois membres de Mampreneures, une association suisse soutenant les mères ayant une activité entrepreneuriale. Désireuses d’approfondir les thématiques autour de ce moment de la vie, les quatre femmes se lancent dans la conception des épisodes, en cherchant à transmettre des éléments de solutions pour se sentir mieux dans sa peau durant cette période.

«Nous avons décidé de centrer tout notre contenu sur la ménopause, car elle affecte énormément d’aspects différents de la vie d’une femme, parmi lesquels la santé mentale et physique, le travail ou encore le couple», complète la quinquagénaire. Un épisode sort tous les vingt-huit jours, un clin d'œil à la durée d’un cycle menstruel.

La nécessité d’un dialogue

Nés de différentes démarches, les deux podcasts ont toutefois en commun le besoin de parler de cette thématique demeurant encore tabou. Si le début des menstruations est de plus en plus abordé dans le débat public, la fin de celles-ci reste peu discutée. «Je voyais que le sujet de la ménopause allumait quelque chose dans l'œil de mes interlocutrices, confie Charlotte Dumartheray. Carole, Joëlle et Valérie, qui témoignent dans l’épisode quatre, se réjouissaient de pouvoir partager leurs expériences.»

Les autrices l’ont constaté: le manque de dialogue sur le sujet poussent certaines femmes dans une profonde solitude, notamment parce qu’elles ne savent pas vers qui se tourner pour être aidées. «En parler, c’est aussi montrer que l’on peut choisir de vivre sa ménopause autrement, relève Julia Litzén. Ce n’est pas quelque chose que l’on est obligé de subir, toute seule de son côté.»

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Impacts sur la vie sous-estimés

Pour les deux Romandes, ce tabou persistant s’explique en partie par la méconnaissance médicale entourant le sujet. La ménopause, au même titre que les autres phénomènes hormonaux et maladies touchant les femmes, a longtemps été délaissée par la médecine.

Aujourd’hui, la recherche scientifique a identifié toute une série de symptômes relatifs à la ménopause, tels que les bouffées de chaleur, les sauts d’humeurs ou encore les troubles du sommeil. Selon l’Inserm, l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale, 87% des personnes ménopausées ressentent au moins un symptôme. L’impact de ces derniers sur leur vie quotidienne reste néanmoins généralement sous-estimé. «Il faut reconnaître que c’est une période complexe, remplie de bouleversements pour les femmes, souligne Charlotte Dumartheray. Durant la ménopause, les femmes peuvent être disqualifiées parce qu'elles ne correspondent plus forcément à la figure féminine idéalisée, basée sur des standards de jeunesse et de reproductivité, et exigée par une partie de la société.»

À travers leurs projets respectifs, les deux Romandes contribuent ainsi à la visibilisation de la ménopause. Elles démontrent toutes deux que ce phénomène naturel peut être abordé autrement, en se distançant des idées préconçues. Vieille peau et F***ing fifties sont à retrouver sur toutes les plateformes d’écoute.