Plage en péril: La dune du Pilat et son écosystème fragile

Avec ses 2,9 kilomètres de long sur 616 m de large et son point culminant dont l’altitude varie entre 100 et 106 m (selon les vents) et d’où l’on jouit d’une vue sublime sur l’union unique du sable, de l’eau et de la forêt, la dune du Pilat est considérée comme l’un des plus beaux sites naturels du monde. Ajoutez à cela une ambiance chaleureuse et bon enfant, un climat et des plages de rêve, la proximité d’Arcachon et de petits ports ostréicoles, une gastronomie riche en produits et crus régionaux exceptionnels, des possibilités de randonnées et de découvertes «nature» ou «culture»… et vous comprendrez qu’elle attire du monde. Beaucoup de monde. À savoir quelque 2 millions de personnes annuellement, pas loin de 16 000 par jour en haute saison. Cette immense popularité, née dans les années 70, est aujourd’hui essentielle à l’économie locale, évidemment. Pourtant, triste corollaire, elle n’est pas sans effets sur l’environnement.

Érosion aggravée et incivilités

Ainsi, pour l’avocat écologiste et ancien président de l’association de défense et de promotion de Pyla-sur-Mer Jacques Storelli, ces afflux touristiques aggravent l’érosion de la dune, qui a «reculé de 200 mètres en cinquante ans». En substance, expliquait-il en 2019 sur France Info ou dans l’émission Capital, sur M6, en plus du vent qui l’emporte naturellement, le sable est si massivement déplacé par les touristes qui marchent dessus que cela en devient préoccupant:

Un argument alarmiste que relativise toutefois le Syndicat Mixte de la Grande Dune du Pilat, qui gère et œuvre pour protéger ce milieu si particulier: oui, la dune bouge et «roule sur elle-même», oui, elle est fragilisée dans une mesure non quantifiable par l’hyper-fréquentation et oui encore, elle recule à cause des tempêtes – de plus en plus fréquentes en raison du dérèglement climatique. Mais non, elle ne va pas disparaître ni se volatiliser.

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Forêt de La Teste-de-Buch dévastée

Ce qui n’empêche pas de devoir en prendre grand soin. Car malgré toutes les actions entreprises par les pouvoirs publics, son écosystème est mis à mal.

En cause: les flux de véhicules polluants – et ce malgré la mise en place de navettes et la promotion de la mobilité douce; les parcages «sauvages» n’importe où, bien qu’un parking soit à disposition; l’abandon de détritus dans la nature. Et pire encore, les comportements inconscients qui provoquent des départs de feu, alors que cette région est clairement signalée «à haut risque». À ce propos, on ne peut oublier le gigantesque incendie qui a dévasté la forêt de La Teste-de-Buch, autour de la dune, en juillet 2022.

L’espoir après le désastre

Parti suite à l’embrasement d’une voiture laissée en bord de route, ce sinistre, qui a nécessité l’engagement de six avions bombardiers d’eau et de près de 2000 pompiers, n’a pu être «fixé» qu’au bout de douze jours et treize nuits de lutte. Si l’on ne déplore aucune mort humaine, le bilan n’en est pas moins désastreux: des milliers d’hectares de pinèdes réduits en cendres, la faune et les biotopes forestiers gravement touchés, des milliers de personnes évacuées et l’anéantissement de maisons, de restaurants ou encore de cinq campings, dont Les flots bleus, rendu célèbre par le film Camping.

Et aujourd’hui? L’espoir renaît: les animaux reviennent, la nature reprend tout doucement ses droits. Quant à la population locale, bien que marquée, elle se veut positive et, selon Ouest France, devrait «retrouver une vie normale». On ne peut que le lui souhaiter.