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Pollution: Comment la planète se bat contre le plastique

La planète commence à étouffer sous la pollution du plastique.

Rien qu’en Suisse, on estime que 14’000 tonnes du plastique en fin de vie finissent chaque année dans la nature, la polluant durant les quatre siècles que nécessite sa dégradation.

© GETTY IMAGES/AGUNG PARAMESWARA

L’été, la saison reine du plastique

Ah, la période estivale, ses moments de détente, son soleil et son insouciance… Mais aussi, son pic de pollution! Outre une augmentation de certains gaz à effet de serre et des particules fines dans l’atmosphère, l’été voit aussi décoller la concentration de plastique dans l’environnement. Une étude d’Oceaneye sur la pollution microplastique du Rhône, publiée en 2023, met clairement en lumière ce phénomène: la concentration de ces fragments augmente à partir du mois de mai, pour culminer en juillet et août, avant de décroître en octobre.

Cinquante tonnes de déchets plastiques finissent d’ailleurs chaque année dans le lac Léman. Et cette accélération durant la saison estivale n’est pas cantonnée à la Suisse. Partout ailleurs, les déplacements des touristes, leurs séjours et leurs modes de consommation affectent les environnements. Les tongs en plastique constituent par exemple l’une des principales sources de pollution sur les plages de certaines régions du globe.

Sans compter le fléau des pailles jetables, qui demeurent largement utilisées dans nombre d’endroits touristiques. Il y a quelques jours, un article du National Geographic a en outre alerté sur les risques de l’utilisation des paillettes, par exemple lors des festivals: ces minuscules fragments colorés sont techniquement déjà des microplastiques et peuvent polluer directement la nature dès lors qu’ils sont utilisés à l’extérieur.

La faiblesse du recyclage

Nonante et un pour cent du plastique mondial jeté depuis 1950 n’a pas été recyclé. C’est le constat effarant d’une étude américaine publiée en 2017 dans Science Advances. Ces quelque 6,3 milliards de tonnes de déchets croupissent donc dans des décharges, dans la nature ou ont été incinérés, soit l’équivalent de 600 tours Eiffel… Rien qu’en Suisse, on estime que 14’000 tonnes de ce plastique en fin de vie finissent chaque année dans la nature, la polluant durant les quatre siècles que nécessite sa dégradation. Même dans notre pays, seulement 15% du plastique est recyclé.

Des continents de déchets

Notre planète possède officiellement cinq continents, mais ça, c’était avant qu’on en découvre un sixième. Un continent, cette fois, uniquement constitué de déchets plastiques flottant à la surface de la mer. Charmant, n’est-ce pas? En 1997, des scientifiques découvraient en effet ce qu’ils appelleront la «grande zone d’ordures du Pacifique» (ou Great Pacific Garbage Patch, GPGP), une masse gigantesque de fragments de plastique dérivant ensemble dans le nord-est de l’océan Pacifique.

Ce continent plastique n’a pas volé son nom: son étendue est de 1,6 million de km², soit davantage que les territoires de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne réunis. Mais cette Atlantide peu ragoûtante n’est désormais plus la seule sur le globe: en 2017, une équipe d’universitaires espagnols a identifié une formation similaire dans la région arctique. Une accumulation de centaines de milliers de particules de plastique par kilomètre carré créerait littéralement des îles de déchets entre les mers de Barents et du Groenland.

Et c’est peut-être encore pire dans la Méditerranée, qui a la plus haute présence de microplastiques de toutes les mers de la planète. Avec un taux de 1,25 million de fragments par km², les flots méditerranéens montrent même une concentration moyenne quatre fois supérieure à celle du fameux continent de plastique du Pacifique Nord, comme le révélait une publication du WWF. On estime que 8 millions de tonnes de plastique terminent leur course dans les océans de la planète chaque année, où erre déjà un stock de 170’000 milliards de microplastiques, rappelait une étude parue dans la revue Plos One en 2023.

Le fléau des emballages

Le plastique est presque utilisé partout, mais c’est indéniablement dans le domaine des emballages qu’il règne en maître. Selon les données publiées par l’ouvrage L’Atlas du plastique en 2020, ce secteur consomme à lui seul 160 millions de tonnes de plastique chaque année, soit deux fois plus que les bâtiments et travaux publics, trois fois plus que les biens de consommation et même quatre fois plus que l’industrie du transport. On comprend mieux pourquoi la réduction des emballages jetables et le développement des solutions recyclables ou durables sont de véritables priorités.

Ce plastique qui est en nous

Les déchets plastiques ont colonisé nos sols, nos cours d’eau et nos océans, mais ils se sont également insinués… jusque dans notre corps. En 2022, une étude néerlandaise révélait que des microparticules de plastique étaient détectées dans le sang de trois quarts des individus. Le PET, le polystyrène et le polyéthylène seraient les matériaux les plus fréquemment en train de voyager dans nos artères et nos veines, majoritairement apportés via l’alimentation.

Peu surprenant, puisque nous avalons environ 50’000 particules de plastique chaque année, comme le relevait une étude parue dans Environmental Science & Technology en 2019. Et cette présence incongrue n’aurait rien de très rassurant: des travaux publiés en 2023 dans la revue International Journal of Molecular Sciences ont prouvé que les microplastiques présents dans le corps pouvaient générer des dommages dans les tissus hépatiques et cérébraux, entraînant problèmes de santé et altération du comportement.

plastique retrouvé collage
© GETTY IMAGES/AGUNG PARAMESWARA

Des décharges d’altitude

L’air et l’eau des montagnes, un havre de pureté? Plus vraiment. Depuis les années 2010, plusieurs travaux ont pointé du doigt la présence croissante de microplastiques dans les environnements de montagne, pourtant à l’écart des industries et des grands centres urbains. Dans les Rocheuses, les Alpes ou les Pyrénées, les scientifiques s’alarment notamment de concentrations inquiétantes de ces fragments amenés par l’air ou la pluie, et qui finissent par intégrer les sols et les lacs d’altitude.

Même le «Toit du monde» est durablement pollué par ces matériaux: en 2023 dans l’Himalaya, l’alpiniste français Luc Boisnard et son équipe ont recensé 1,6 tonne de déchets plastiques lors d’une expédition sur le Mont-Makulu, dont le sommet culmine pourtant à 8485 mètres…

Un futur traité international

Maintenant que le plastique a envahi la planète, et si la planète se rebellait contre le plastique? Voilà, en résumé, l’esprit d’une résolution de l’ONU votée en 2022. L’idée? Parvenir, dans un avenir proche, à un traité international contraignant juridiquement tous les pays du globe à combattre la pollution générée par ce matériau. Les premiers jalons concrets ont été posés dès 2023, lorsque les représentants des 175 États réunis à Paris se sont mis d’accord pour lancer la rédaction d’une première version.

Mais c’est là que les choses se gâtent: si certains membres, dont la Norvège et le Rwanda, font partie des plus enthousiastes et des plus exigeants, d’autres, comme la Russie, la Chine et les pays du Golfe, grands producteurs du pétrole si utile à la fabrication du plastique, traînent des pieds. Des désaccords se sont en outre amplifiés concernant la recette miracle: tout miser sur le recyclage, comme l’espèrent les pays les plus récalcitrants au traité, ou obliger à diminuer la production de plastique dans le monde, solution privilégiée par les ONG et les États les plus écolos?

Cette dissonance est devenue une véritable faille lors de la quatrième réunion du comité ce printemps à Ottawa, où les tenants des deux approches en sont venus au bras de fer, repartant sans avoir signé le moindre accord. Il y a donc de quoi être sceptique devant l’ambition affichée de l’ONU d’arriver à un traité signé dès 2025. Reste un espoir: tous les pays reconnaissent un fléau planétaire auquel il faut s’attaquer.

Les politiques suisses à l’offensive

Lors de la session parlementaire qui s’est déroulée du 27 mai au 17 juin 2024, les conseillers nationaux et aux États se sont penchés sur vingt objets ayant un rapport avec la pollution au plastique: «Impact des microplastiques sur la fertilité» ou encore «Quelles ambitions pour la réduction des nuisances des microplastiques issus de l’abrasion des pneus sur les routes nationales?» Préoccupations démontrant une prise de conscience toujours plus grande des milieux politiques concernant les risques découlant de l’omniprésence des déchets plastiques dans notre quotidien.

La technologie pour combattre le plastique

En attendant que l’humanité parvienne un jour à se sevrer de ses chères matières plastiques, des innovations réjouissantes laissent espérer une meilleure élimination de ces déchets dans un avenir proche. Des chercheurs ont par exemple identifié, en 2018, une bactérie nommée Ideonella sakaiensis, dont l’une des enzymes est capable de dégrader le PET. Son utilisation future pourrait améliorer les processus industriels de destruction de ce type de plastique très utilisé.

Huit conseils pour consommer moins de plastique

  • Boire l’eau du robinet: ne consommer que de l’eau en bouteille génère 15 kilos de déchets de plastique par an.
  • Privilégier l’achat d’objets en métal ou en bois et de vêtements en fibres naturelles.
  • Favoriser la circularité: les objets qu’on achète doivent pouvoir servir un certain temps. On bannit tout ce qui est à usage unique comme les gants ou les pailles en plastique.
  • Garder un sac réutilisable à portée de main pour les courses.
  • Acheter en vrac les produits du quotidien pour diminuer les emballages.
  • Opter pour des cosmétiques responsables et sans plastique: nombre d’entre eux sont en effet une source non négligeable de microplastiques.
  • Penser à recycler tout ce qui peut l’être.
  • Ne pas jeter ses mégots dans la nature: la plupart des cigarettes contiennent des filtres en matière plastique. Encore mieux? Arrêter de fumer…


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