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Sexisme

Stéréotypes de genre: 7 clichés sur les femmes décortiqués

Stereotypes sous la loupe 7 cliches feminins decortiques

Dans la série Lessons in Chemistry, Elizabeth Zott souhaite devenir scientifique, mais elle se retrouve reléguée au rang d'animatrice dans une émission de cuisine.

© APPLE TV/MICHAEL BECKER

«Elles n'ont pas le sens de l'orientation»

Vous l’avez, vous, le sens de l’orientation? En tout cas, si l’on en croit le lieu commun, les femmes seraient moins habiles que les hommes pour se repérer. Mouais... Vérifions cela ensemble. Si ce cliché agace, il ne vient pas de nulle part. Différentes études ont en effet démontré que les hommes réussissaient un peu mieux les exercices de navigation spatiale que les femmes, en se basant sur des tests ou des jeux vidéo.

Mais pourquoi existe-t-il une telle différence? Une étude américaine de 2024, publiée dans la revue scientifique Royal Society, explique que le sens de l’orientation est acquis en fonction de l’éducation et de l’apprentissage. Et c’est là que les inégalités de genre entrent en scène: les garçons sont davantage poussés à jouer dehors, à explorer, pendant que les filles sont amenées à privilégier l’intérieur. Les résultats de cette étude s’opposent ainsi aux explications se rapportant à la génétique et à des capacités innées. Ajoutons encore que même lorsque les garçons sont à l’intérieur, les jeux auxquels ils jouent font davantage appel à l’intelligence spatiale (Lego, puzzles, jeux de construction) que ceux plébiscités par les filles, atteste une autre étude américaine de 2015.

L’environnement dans lequel les enfants grandissent a donc un impact positif ou non sur le développement du sens de l’orientation. Une étude de l’University College London de 2018 a d’ailleurs démontré que dans les pays où l’égalité était élevée, les résultats aux tests d’orientation étaient similaires pour les hommes et les femmes. Cette différence était a contrario plus élevée dans les pays avec de fortes inégalités. Bonne nouvelle: tout le monde peut donc développer cette capacité cognitive, à condition de se tenir éloigné des vilains stéréotypes. [SI]

«Elles aiment s’occuper des tâches domestiques»

«Les femmes adorent s’occuper de la maison», «les hommes préfèrent faire carrière»… Ces stéréotypes de genre évoluent à pas de tortue, gardant les femmes dans des rôles dépassés. Si la tendance Trad Wife (épouse traditionnelle) compile des milliers de vidéos sur TikTok, on voit de plus en plus de femmes sur les réseaux sociaux se moquer de leur conjoint, qui n’arrive pas à accomplir le quart de la moitié de leurs tâches domestiques journalières.

Et les études abondent dans leur sens: en France, l’Observatoire des inégalités informe que les femmes passent en moyenne chaque jour 3 heures aux tâches domestiques contre 1 h 45 pour les hommes. De son côté, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS) a publié en février des statistiques effarantes, dont celle-ci: une personne sur cinq considère que les femmes doivent rester à la maison. Non, nous n’avons pas de plaisir à s’assurer quotidiennement, en plus de 8 heures de travail, que le frigo fournisse assez de vivres 7J/7, que les poubelles pleines de melon cuit soient sorties, ou encore que les lessives soient à temps pliées pour les vacances.

Tout ça dit, a-t-on des solutions pour alléger notre charge domestique? Elles sont pléthores, mais requièrent une participation active des hommes de la famille. On citera les deux idées basiques qui sont de répartir à parts égales les tâches ménagères et d’apprendre aux enfants à ranger leurs affaires. Et pour dénoncer mais aussi se marrer, une idée pêchée sur Instagram: déposer des petits doigts en plastiques pointant courses, vêtements sales, pots de yaourts vides, etc. non rangés! Avec tout ça, on passera peut-être un bon été? [JM]

«Elles ne savent pas conduire»

«Femme au volant, mort au tournant.» Cet adage terrifiant a autant la vie dure qu’il se révèle erroné. Mais d’où vient le cliché sexiste qui voudrait que les femmes soient moins bonnes conductrices que les hommes? Difficile à déterminer… Peut-être parce que les manœuvres automobiles étant le prétendu apanage des mâles, il ne faudrait jamais, au grand jamais, qu’une personne de genre féminin possède des capacités supérieures dans cette activité si virile.

La Suisse n’a jamais interdit à ses citoyennes de prendre le volant, contrairement à d’autres pays (dont l'Arabie saoudite, qui ne leva son interdiction qu’en 2018), mais le fait est que, bien souvent, la répartition des rôles genrés et l’habitude réservent généralement le siège passager aux femmes, moins accoutumées, ainsi, à conduire. En 1974, seules 36% d’entre elles possèdent le permis, contre 63% des hommes.

Si les chiffres sont équilibrés aujourd’hui, côté tôle froissée, les résultats restent genrés. D’après le rapport «Sinus 2023» du BPA, les hommes ont plus d’accidents de la route graves que les femmes (deux tiers des personnes grièvement blessées et trois quarts des morts). De même, l’alcool au volant et les excès de vitesse sont plus fréquents chez les conducteurs. Les conductrices, elles, seraient donc plus prudentes sur la route, respecteraient davantage le taux d’alcool maximal et rouleraient moins vite. Moralité? Conduisez comme une femme. C’est d’ailleurs le slogan d’une campagne lancée en mai par l’association française Victimes et citoyens, qui se base sur les statistiques nationales des accidents mortels, causés à 84%… par des hommes. [LI]

«Elles sont plus émotives que les hommes»

Par nature, les femmes seraient plus vulnérables et leur humeur plus instable que les hommes. Le stéréotype est tenace. Dès la naissance, les filles sont assignées à des émotions liées à leur sexe: la tristesse, la peur, la culpabilité, la honte. Aux garçons la colère, le dégoût ou la fierté. Elles pleurent facilement, ils restent dignes.

Si aucune étude n’a scientifiquement établi que les femmes sont plus émotives, elles ont tendance – de leurs propres aveux – à davantage exprimer leurs ressentis. Négatifs, la plupart du temps, comme le révèle une recherche américaine dont les résultats ont été publiés début 2023 dans la revue Current Psychology.

Des réactions socialement associées à des aveux de faiblesses dont l’expression marque la différence entre les genres. Le cliché est intégré. Et il génère des conflits émotionnels dont seules les femmes portent le fardeau. Si un homme exprime un sentiment d’impuissance lié à son travail, ça sera valorisé. Si une femme le fait, ça sera un signe de fragilité quasi prévisible puisqu’elle est «si émotive» par nature.

Selon la même étude, la différence émotionnelle entre les genres pourrait venir du fait que ce sont majoritairement les femmes qui s’occupent de leur progéniture, et donc développent une sensibilité décuplée pour la protéger des dangers, et se préserver elles-mêmes des violences dont elles pourraient être victimes. Ça n’est pas pour rien non plus que les femmes sont plus et mieux dépistées que les hommes pour les dépressions, par exemple. Elles s’expriment davantage, c’est un fait. De là à dire qu’elles sont plus émotives… [FR]

«Elles sont nulles en maths»

Savez-vous que c’est grâce aux travaux d’une savante du XVIIIe siècle, Nicole-Reine Lepaute, que l’on sait planifier la trajectoire d’une sonde dans le système solaire? Que l’homme a pu aller sur la Lune et en revenir parce que Katherine Johnson et Mary Jackson, brillantes mathématiciennes américaines embauchées par la NASA, ont su boucler des calculs ultracomplexes de plusieurs dizaines de milliers de pages? Que la programmation informatique a été inventée en 1842 par Ada Lovelace, une femme, puis perfectionnée dans les années 50 par Grace Hopper, une femme encore.

Peu de gens s’en souviennent, en revanche, beaucoup sont persuadés que, dès l’enfance, les filles sont moins bonnes en maths que les garçons. Si ce cliché persiste, c’est parce que pendant de nombreuses décennies, les chiffres ont montré un écart de niveau significatif entre les sexes sur les bancs de l’école. Des statistiques en déséquilibre qui se retrouvaient ensuite dans les effectifs des chercheurs-euses et des ingénieur-e-s, en grande partie masculins. Sauf que ces situations n’arrivent que dans des milieux culturels véhiculant le stéréotype que les filles ne sont pas faites pour les sciences: dès que la société devient plus égalitaire et progressiste, les chiffres s’améliorent.

Un rapport de l’Unesco publié en 2022 a ainsi montré que l’évolution des mentalités au fil des années a permis aux filles d’égaler désormais le niveau des garçons en maths, et même, dans certains pays, à le dépasser. Les recherches récentes en neurosciences ont d’ailleurs prouvé que les cerveaux féminins et masculins fonctionnaient bel et bien de la même façon. Triste fin pour les mythes sexistes: si les filles étaient moins bonnes en sciences, c’est juste parce qu’on les avait convaincues qu’elles l’étaient. [NP]

«Les femmes sont des pipelettes»

Que font les filles quand elles se retrouvent entre elles? Elles jacassent, bitchent, pipelettent et, bien sûr, se font un malin plaisir de dévoiler les petits secrets qui leur ont été confiés. Contrairement aux hommes qui, eux, ne sont jamais, mais jaaaaamais langues de vipère. Sauf que ce cliché ancestral a été invalidé par plusieurs études de psychologie sociale menées ces dix dernières années.

Ainsi, une recherche américaine de 2019, basée sur l’analyse de 500 conversations d’adultes, a notamment montré que les cancans, négatifs dans 25% des cas, occupent une moyenne de 14% du temps de blabla – tous genres confondus. Autrement dit, ces messieurs adorent se repaître de racontars et colporter des cancans au moins autant que leurs compagnes. Voire plus: une statistique établie en Grande-Bretagne par le British Market Research Bureau en 2014 a établi que si 46% des employées gossipent au bureau, leurs confrères sont, eux, 55% à se la jouer joyeuses commères. Et paf! Mais ce n’est pas tout. Selon cette même enquête, ils ont plus de mal à rester discrets quand on leur fait une confidence: ils parviennent à tenir leur langue 2 h 47 – alors qu’elles résistent 3 h 30.

Raison de cette propension générale à ragoter? Dans Le Monde, la sociologue Francesca Giardini expliquait: «Le commérage sert diverses fonctions sociales. À l’échelle de l’individu, c’est une façon d’évacuer les émotions négatives, de montrer que l’on est bien informé-e et bien intégré-e au sein d’un collectif, d’acquérir des infos pertinentes sur un groupe ou de se comparer. De plus, les potins sont une source de divertissement et une manière de créer du lien.» Hé hé… chouette concept pour justifier les pauses-café-jaseries entre collègues! [SG]

«Fleurs bleues, elles ne pensent qu’à l’amour romantique»

Il n’y a pas si longtemps, on justifiait encore les différences entre les genres masculins et féminins par cette fatale voie sans issue: les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus. En gros, le tempérament bestial des guerriers n’aurait d’égal que l’obsession des femmes pour la chose romantique.

Emprunté au titre du même nom du livre de John Gray paru dans les années 90, l’adage amplifie la supposée galaxie qui nous sépare. Pendant que les uns seraient d’insatiables machines à sexe, les autres passeraient leur temps à gazouiller «un jouuuuuuuur, mon prince viendraaaaa…» Des dieux pornographiques et des prudes effarouchées, le disque est un peu rayé, non? Dans une ère placée sous le signe de la déconstruction, il est temps d’éclairer les lanternes de celles et ceux qui sont encore convaincus que le sexe intéresse moins les femmes.

Les Suissesses et les Suisses ont en moyenne entre six et sept partenaires par vie (pas par année), selon une étude de 2016. Les disparités se marquant plus en fonction des régions ou de la géographie du lieu de résidence (on multiplie les expériences à Bâle-Ville, un peu moins à Uri) que du genre. Face au «spreading» de testostérone, les femmes l’ont joué plus discrètes, mais n’ont pas toutes fait vœu de chasteté sous la bannière du consentement. Elles décident avec qui elles ont envie de faire quoi, tout simplement. Souhaitons que ces dernières deviennent un modèle d’émancipation pour celles qui vivent dans des régions du monde où ce n’est malheureusement pas encore possible. [AL]


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