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Comprendre les schémas amoureux pour réussir son couple

Problemes de couple comment reinventer sa relation

«Je demande par exemple aux protagonistes de changer de place sur le canapé, et de parler chacun comme s’il était l’autre.» - Emmanuelle Piquet

© GETTY IMAGES/STUDIO ATLAS

FEMINA Vous écrivez que le couple est une usine à cercles vicieux… ce qui explique les déraillements?
Emmanuelle Piquet Le couple est un territoire propice à la création et à l’alimentation de cercles vicieux parce que c’est un lieu où il y a beaucoup de persévérance dans des choses qui ne fonctionnent pas et auxquelles on s’accroche de manière très rigide. C’est en partie lié à la redondance de vouloir changer l’autre absolument.

On a du mal à regarder la relation plutôt qu’à regarder l’autre.

Ce que nous apprend l’école de Palo Alto, que j’utilise en thérapie de couple, c’est de traiter la relation dysfonctionnelle plutôt que l’être soi-disant dysfonctionnel qu’on a en face de soi.

Chaque protagoniste a une idée de la façon dont son couple devrait fonctionner, est-ce là le problème?
Oui, il y a une utopie de ce que devraient être le voyage et ses différentes destinations. Cette interaction particulière peut générer beaucoup de déception. Et chacune et chacun a un récit propre de ce qui se passe dans le couple.

C’est-à-dire?
Monsieur va dire: «Je m’étourdis dans le travail, parce que lorsque je suis à la maison, je n’ai que des reproches de ma femme.» C’est ça façon de ponctuer les interactions au sein de son couple. Madame dira: «Il rentre de plus en plus tard, ce n’est pas ça que je voulais en couple, c’est pour ça que je suis désagréable et que je lui fais des reproches.» Les deux ont raison d’une certaine manière, la difficulté c’est qu’ils ont une vision totalement linéaire du problème, et pas du tout circulaire ou interactionnelle. C’est encore plus vrai dans le couple que dans aucun autre système.

Comment les aider à changer de vision?
Je demande par exemple aux protagonistes de changer de place sur le canapé, et de parler chacun comme s’il était l’autre. Le compagnon ou la compagne voit et entend pour la première fois l’autre adopter sa perception du problème, comprendre son point de vue. C’est une expérience émotionnelle très forte car la plupart du temps, on est focalisé sur sa vision du problème.

Dans votre approche, vous proposez d’adopter un comportement opposé aux habitudes établies, en opérant un virage à 180 degrés… pas facile à négocier, non?
Ça n’est pas simple, car le fait de faire demi-tour génère des renoncements, des risques, des inconvénients.

C’est difficile en effet de faire un virage à 180 degrés. Ce d’autant plus que la plupart du temps, en thérapie de couple, les protagonistes sont très endurant-e-s à la souffrance.

Ils endurent des choses qu’ils n’endureraient pas dans d’autres systèmes que le couple, comme le milieu professionnel ou amical par exemple. Certains parviennent à emprunter ce virage quand la souffrance est trop aiguë.

Parmi les exemples concrets de ces virages à 180 degrés, dans votre livre vous racontez comment sortir de la répétition des mêmes scénarios en amour…
Oui, avec l’exemple de Justine, qui se dédie à 100% à chaque homme qu’elle rencontre, en espérant la réciprocité, ce qui est logique, mais improductif. Je lui demande d’aller discuter et interagir avec plusieurs hommes à la fois, ce qui lui pose problème dans un premier temps. Elle n’est plus dans sa redondance habituelle, elle qui a besoin même intellectuellement de se consacrer à une seule personne. Je l’y encourage pour noter à quel point certains hommes peuvent être des hypocrites, et aussi parce qu’elle n’aura plus le temps d’attendre son actuel amoureux, comme Pénélope. Ça lui fait faire quelque chose de très différent dans son comportement habituel.

La psychothérapeute française Emmanuelle Piquet. © CELINE NIESZAWER

La clé, c’est d’adopter un comportement opposé aux habitudes établies, donc?
Oui. Dans l’action.

On arrive mieux à sortir de ces redondances douloureuses quand on fait des choses différentes, je ne crois pas trop à la prise de conscience.

Je crois plus au fait d’interagir différemment. Plus largement, pour revenir sur l’exemple de Justine et des répétitions des scénarios en amour, je souligne avec mes patients l’aspect totalement contre-productif de ce qu’ils mettent en place de façon répétitive dans chacune des situations. Comme ça ne fonctionne pas, ça peut être intéressant d’essayer l’inverse. Ça permet d’arrêter de faire ce qu’on fait. C’est impossible d’être à la fois allongé et debout. À partir du moment où je leur demande d’être allongés, ils ne peuvent plus être debout.

Dans le cas de la perte du désir, dont vous parlez également, on est moins dans l’action que dans la prise de conscience, non?
Sur le contrôle de la libido, plus on cherche à contrôler le désir, sexuel ou autre, de quelqu’un, plus ce désir s’étiole et vous provoquez exactement l’inverse de ce que vous souhaitez. Il faut que ce désir puisse retrouver un lieu «sécure».

Or, lorsqu’on se focalise sur la perte du désir de l’autre, à chaque fois qu’on essaie de le contrôler, de le faire grandir, cela génère malheureusement chez l’autre un désir un peu plus atrophié.

C’est en effet davantage une prise de conscience, mais c’est tout autant un changement de cap intégral. Je demande aux hommes concernés (car ce sont majoritairement eux qui se plaignent de la baisse de libido de leur épouse) d’agir différemment, de dire à leur épouse: «Quand je te prends la main ou que je te touche l’épaule, ça n’est pas dans une visée sexuelle, c’est juste par affection.» C’est un discours ultra-sécurisant pour les femmes. Par contre, je suis claire dès le début: ça ne veut pas pour autant dire que son désir va renaître. Ce à quoi je m’engage, c’est qu’il y ait à nouveau une affection sensorielle, sans forcément parler de sexualité. C’est un virage à 180 degrés.

Comment rater son couple à coup sûr, Emmanuelle Piquet (Éd. Les Arènes). © DR


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