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Psycho: 7 conseils pour concilier parentalité et vacances

Psycho: 4 conseils pour concilier parentalité et vacances

Les vacances en famille ne sont pas forcément de tout repos. Voici quelques astuces d'expert-e-s pour les parents qui s'interrogent sur les façons de gérer les enfants et le couple pendant la pause estivale.

© GETTY IMAGES/VECTOR MINE

Cet article du 10 juillet 2024 a été mis à jour le 5 août 2024.

Comment parler budget vacances avec sa progéniture?

La réponse de Caroline Goldman, autrice de Pourquoi? Petites leçons de psychologie, pour les 8 à 11 ans (Éd. Dunod)

Et toi, t’es allé-e où en vacances cet été? Cette question est un rituel incontournable au retour au bureau, et elle l’est encore plus dans les préaux à la rentrée scolaire. Pour les enfants qui ne sont pas partis en Grèce, en Italie ou autres destinations exotiques, répondre qu’on est resté à la maison est parfois difficile. Et pourtant, peu importe le budget, ce n’est pas la destination qui compte, mais ce que parents et enfants investissent dans le temps partagé ensemble, comme l’explique la psychologue Caroline Goldman:

«Les enfants exigent généralement peu d’explications sur les choix de leurs parents. Mais ils sont connectés aux ressentis de ces derniers. Si leurs parents présentent le fait de rester à la maison comme une fête, les enfants se laisseront entraîner dans cette émotion positive (on ne va RIEN faire, on ira à la piscine les matins, voir ton copain les après-midi, on cuisinera ensemble le soir, et repas de crêpes toutes les semaines: je me régale d’avance!)»

Les grands bonheurs des enfants avant 11 ans ne coûtent souvent rien. Ceux qui réclament avec insistance des éléments de distraction onéreux sont généralement en manque d’affection ou de limites éducatives (ceux-là cherchent d’ailleurs à essorer la patience de leurs parents dans beaucoup d’autres secteurs). Aux parents de décrypter ces besoins, en leur offrant plus de moments de plaisirs partagés (jeux, sorties, câlins…) ou des limites plus claires.» Durant l’été, est-ce le bon moment pour faire une pause d’écran?

Durant l’été, est-ce le bon moment pour faire une pause d’écran?

La réponse de Caroline Goldman, psychologue pour enfants et adolescent-e-s, autrice de File dans ta chambre! Offrez des limites éducatives à vos enfants (Éd. Dunod)

C’est une sorte d’idéal familial qu’on rêverait d’instaurer durant l’été: soi-même, en tant que parents, de décrocher de ses mails professionnels, et pour sa progéniture, d’arrêter de rester scotchée à Snapchat, Insta, Brawlstars ou autre application chronophage. Sauf que, c’est un vœu pieux. Car à moins de jouer le gendarme durant toutes les vacances, personne n’arrive à décrocher. De quoi se mettre la pression? Pas questions, selon la psychologue Caroline Goldman, qui préconise plutôt le bon sens et la juste mesure.

«En matière d’utilisation des écrans, mon conseil aux parents est de suivre leur propre confort. L’idéal est de partir en vacances avec la famille élargie ou avec un jeune au pair pour qu’ils prennent le relais du quotidien. Mais demander cette énergie (ndlr: imposer une pause familiale d’écran) aux parents qui travaillent toute l’année, ont cinq semaines de vacances par an, sont assez isolés et ont un petit budget, me semble ingrat. Nous, psy d’enfants, savons que les huis clos familiaux imposés génèrent des tensions et des violences éducatives. Je préfère que des enfants regardent quelques fictions choisies chaque jour et retrouvent ensuite leurs parents détendus et plus disponibles pour eux.

Ce qui est nocif, c’est l’abus de tout. Avant cela, il n’y a aucune raison de culpabiliser de faire plaisir aux enfants et aux parents…»

Peut-on se mêler de l’éducation des enfants des autres en vacances?

La réponse de Didier Pleux, psychothérapeute et auteur de L’éducation bienveillante, ça suffit! (Éd. Odile Jacob)

«C’est difficile d’intervenir quand on part en vacances avec les enfants des autres, car chaque famille a sa propre culture.

Un conseil serait d’en parler avant le départ. Les parents doivent communiquer ensemble: «Vous allez nous percevoir un peu rigides sur les horaires, sur les trucs qu’on demande à nos enfants, qu’est-ce que vous en pensez? Qu’est-ce qu’on peut faire comme compromis?» Ça doit lâcher des deux côtés.

Il ne faut surtout pas être dans le déni et se dire que ça va bien se passer, car ce sont nos amis et avec les enfants ça va aller tout seul. Ce n’est pas vrai. Les enfants vont s’engouffrer avec les fils ou les filles de la famille qui ont droit à beaucoup d’écran par exemple. Ils vont aller vers le principe de plaisir, et ensuite, cela risque de créer des dysfonctionnements. Si on a des amis qui sont permissifs en matière d’écrans, il faut leur dire que nous, on ne l’est pas, en cherchant à trouver comment couper la poire en deux pour que les enfants des uns ne se sentent pas lésés et ceux des autres ne prennent pas de mauvaises habitudes. Quand cela est posé à l’avance, chacun fait un pas… même si en réalité, la famille permissive l’emporte souvent.

Si tous les parents sont sur place, pas la peine de chercher à éduquer les enfants des autres. Cela va créer des conflits. Chacun maintient ses règles éducatives pour sa famille. Il s’agit d’expliquer à ses propres enfants que ça risque de paraître dur car les enfants des amis ont plus de liberté, en se couchant plus tard par exemple, mais que si on exige certaines choses, c’est parce que le lendemain matin ils seront moins fatigués. On explique pourquoi on est exigeants, mais ça ne sert à rien d’intervenir sur les enfants des autres.»

Comment s’offrir une pause sans enfant sans culpabiliser?

La réponse de Saverio Tomasella, docteur en psychologie et psychanalyse, autrice de Laisse-toi aimer (Éd. Le courrier du livre)

«Partir seul-e-s ou avec des ami-e-s permet d’oublier les enfants, les soucis, les contraintes, les multiples détails de l’organisation, et de mieux lâcher prise, sans quoi les tensions s’accumulent sans trouver de résolution durable. On se lève tard, on change de rythme, on se prélasse, on n’a pas de but précis, on se laisse vivre, on rêvasse et cela fait un bien fou. Cela permet aussi de faire des activités que l’on ne peut pas réaliser lorsqu’on est avec ses enfants, ce qui apporte un sentiment de liberté et permet de mieux s’épanouir.

On peut expliquer à ses enfants qu’ils aiment passer du temps avec leurs ami-e-s, et que nous aussi, cela nous fait beaucoup de bien. On leur apprend ainsi qu’il est important de s’écouter, de respecter ses besoins, de se faire du bien…

Quelques jours suffisent, même un week-end, pour commencer, si on n’a pas trop l’habitude de laisser ses enfants. Pour le couple aussi, cela fait du bien, car les tensions génèrent de plus en plus de disputes stériles, alors qu’une escapade à deux relance le désir et le plaisir d’être ensemble.

Et si l’on n’a pas la possibilité de partir seul-e-s, on laisse les enfants plus tranquilles. On peut lâcher prise sur toutes les contraintes du quotidien, les laisser dormir plus, ne faire que deux repas dans la journée, cuisiner ensemble, prendre du temps simplement à ne rien faire, et, surtout, on les laisse se débrouiller par elles et eux-mêmes (s’ils et elles sont assez grand-e-s, et en fonction des capacités de leur âge). Cela leur apprend à moins dépendre de nous, à nous laisser plus tranquilles, à développer leurs propres compétences et à se rendre compte qu’ils et elles peuvent être de plus en plus indépendant-e-s. Tout le monde y gagne, autant eux que nous…»

Peut-on se permettre une trêve éducative pendant les vacances?

La réponse de Didier Pleux, psychothérapeute spécialiste de l’éducation des enfants, auteur de L’autorité éducative, une urgence (Éd. Odile Jacob)

«Il est vrai que, très souvent, on fait une trêve éducative pendant les vacances, mais cela serait une fausse paix sociale. C’est le bon moment pour redéfinir ce qu’on peut montrer à son enfant d’empathie, de bienveillance, de partage avec elle ou lui, mais aussi pour réaffirmer ce sur quoi on sera intraitable en matière de petites routines, de discipline de vie qu’on a instaurées à la maison, comme le partage des tâches et certains horaires à respecter malgré tout. En vacances comme le reste de l’année, il s’agit de faire preuve d’autorité juste, c’est-à-dire un mélange d’amour et de frustration.

Quand on éduque au quotidien, la fatigue de la journée professionnelle et scolaire crée souvent des tensions. Une fatigue qui explique d’ailleurs que, le week-end, on soit parfois plus permissive.

Durant les vacances, ce stress disparaît, on peut vraiment dire à son enfant: voilà ce qu’on va poursuivre, et peut-être ce qu’on va entreprendre à la rentrée.

Par exemple en tenant bon pour un cahier d’exercices scolaires d’été pour un petit rattrapage le matin, ne serait-ce qu’une heure si son enfant a un déficit en maths ou français. Il ne faut pas que le principe de réalité s’estompe durant les vacances.

Si on lâche trop, ce sera une bombe à retardement. Si tous les soirs les enfants se couchent trop tard, passent leur journée devant les écrans, choisissent elles et eux-mêmes les activités sans jamais partager les petites tâches, cela va être très dur de leur redonner un rythme scolaire. L’éducation ne peut pas s’arrêter l’été.»

L’été, le moment rêvé pour renforcer l’alliance parentale?

La réponse d’Antoine Guedeney, pedopsychiatre et professeur de psychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, auteur de l'ouvrage Du bon usage des pères, Petit guide de l’alliance entre parents (Éd. Odile Jacob)

«Profiter des vacances pour rééquilibrer le couple parental et mieux répartir les rôles, c’est une bonne idée. C’est encore plus nécessaire de le faire lorsque les parents sont séparés, mais quand ils sont ensemble, c’est important de s’arrêter à deux sans les enfants, idéalement hors de la maison, pour faire un constat de ce qui a bien marché, ce qui a un peu moins bien marché avant le départ en vacances. Chacun-e peut ainsi demander à l’autre ses satisfactions et ses insatisfactions en matière de partage des tâches, de responsabilités, d’éducation, entre autres.

C’est quelque chose qu’on ne fait jamais le reste de l’année, mais prendre le temps de le faire avant ou durant la pause estivale familiale en vaut vraiment la peine. Cette démarche en couple a de réels bénéfices.

Chacun des parents peut ensuite demander aux enfants d’identifier ce qui fonctionne ou pas dans la dynamique de la famille, une fois que les parents ont discuté entre eux et font alliance unie dans leur prise de position éducative. Le simple fait d’avoir été entendus permettra d’équilibrer les rapports familiaux, et de rendre la pause estivale ressourçante car allégée des pressions qui peuvent apparaître le reste de l’année.

Faire alliance ne veut toutefois pas dire qu’on va toujours être d’accord sur tout, bien au contraire. Le but, c’est de se retrouver. Il faut sortir de cet idéal familial, car en matière d’éducation, les enfants n’ont pas besoin qu’on soit parfait. En vacances, surtout si on se permet de prendre une assez longue pause, on change de régime, on est moins stressé-e, moins accroché-e à son portable (en tant que parent, et en tant qu’enfant, idéalement), on fait plus attention à soi-même. Se rendre disponible, être là quand on a dit qu’on y serait, pour sa ou son partenaire, comme pour ses enfants, c’est une manière de remettre à plat cette alliance familiale.»

Tenter d’éduquer les enfants des autres en vacances, est-ce une bonne idée?

La réponse de Didier Pleux, psychothérapeute spécialiste de l’éducation des enfants, auteur de L’éducation bienveillante, ça suffit! (Éd. Odile Jacob)

«C’est difficile d’intervenir quand on part en vacances avec les enfants des autres, car chaque famille a sa propre culture. Un conseil serait d’en parler avant le départ. Les parents doivent communiquer ensemble: «Vous allez nous percevoir un peu rigides sur les horaires, sur les trucs qu’on demande à nos enfants, qu’est-ce que vous en pensez? Qu’est-ce qu’on peut faire comme compromis?» Ça doit lâcher des deux côtés.

Il ne faut surtout pas être dans le déni et se dire que ça va bien se passer, car ce sont nos ami-e-s et avec les enfants ça va aller tout seul. Ça n'est pas vrai. Les enfants vont en profiter avec les fils ou les filles de la famille qui ont droit à beaucoup d'écrans par exemple. Ils et elles vont aller vers le principe de plaisir, et cela risque de créer des dysfonctionnements. Si l’on a des ami-e-s qui sont permissif-ve-s en matière d’écrans avec leurs enfants, il faut leur dire que nous, on ne l’est pas, en cherchant à trouver comment couper la poire en deux pour que les enfants des un-e-s ne se sentent pas lésé-e-s et ceux des autres ne prennent pas de mauvaises habitudes. Quand c’est posé à l’avance, chacun fait un pas… même si en réalité, c’est souvent la famille permissive qui l’emporte.

Si tous les parents sont sur place, pas la peine de chercher à éduquer les enfants des autres. Ça va créer des conflits. Chacun-e maintient ses règles éducatives pour sa famille.

Il s’agit d’expliquer à ses propres enfants que ça risque de paraître dur (car les enfants des ami-e-s ont plus de liberté, en se couchant plus tard par exemple), mais que si l’on exige certaines choses, c’est parce que le lendemain matin ils et elles seront moins fatigué-e-s. On explique pourquoi on est exigeant-e, mais ça ne sert à rien d’intervenir sur les enfants des autres.»


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