Chronique sexe
Humour et intimité: Rire, c’est bon pour la sexualité!
«Liant intime ou casse-ambiance, l’humour peut diviser les rangs quand on en vient au sexe.» - Romy Siegrist
© PETITES LUXURES«Rire, c’est bon pour la santé! » Oui, et pour la sexualité? Liant intime ou casse-ambiance, l’humour peut diviser les rangs quand on en vient au sexe. Question de moment, question de comment, peut-on rire de tout mais pas avec tout le monde, et plus spécifiquement pas n’importe quand?
L’humour séduit. Il est souvent apprécié, mais il semblerait surtout dans l’avant – ne dit-on pas «femme qui rit à moitié dans son lit?». Sur l’instant, certaines personnes prônent le sérieux, plutôt que le c’est-rieux (mais pas André), alors que cela peut faire des merveilles. Comme dans la reprise de Ça (sur les airs de Je t’aime moi non plus) avec Bourvil et Jacqueline Maillant, où la danse des mots et de la complicité joueuse et légère permet à Popol de prendre enfin son envol.
Parce que le rire permet de (ré)activer le système vagal ventral, celui qui nous aide à être ouverts et ouvertes au monde, à l’autre, à la rencontre.
Parce que rire réduit le stress, et facilite les mécanismes d’excitation. Enfin, dans une juste mesure… Mieux vaut ne pas être chatouilleux ou chatouilleuse! Comme dans les 11 000 verges d’Apollinaire, où Vibescu rejoint une orgie lors de laquelle des chatouilles sur les couilles à l’aide d’une plume le rendent impuissant, au grand rire de ces dames saphiques. Ça pique.
Désamorcer la gêne
Le point intéressant, c’est que le rire peut aussi être une protection! Il désamorce des situations de gêne, tout en amorçant un espace relationnel. En public, l’humour peut cacher la peur, montrer la pudeur, dévoiler les enjeux et les nœuds d’angoisse, permettre de caresser les anxiétés, quand bien même il peut finir par museler, surtout chez les hommes – «s’ils savaient ce que je vivais, ils se moqueraient»… Car rire des tailles, des formes, des durées, des corps n’est pas anodin.
Il est préférable de rire avec et non pas de.
Et puis, finissons avec une pensée pour Kundera, et ses Risibles amours. Car oui, il y a quelque chose de «risible» dans la rencontre amoureuse, dans l’intensité du désir, dans la manière de se le dire, dans les mots qui sortent de la bouche pour rentrer dans les cœurs, ceux-là mêmes qui ont une sensation de «paroles, paroles, paroles»… Il peut y avoir un sentiment de ridicule dans ce qui nous excite vraiment, dans la complexité et la banalité de l’érotisme, les deux à la fois. Une chose est sûre: on n’a pas fini d’en rire, mais ni surtout… d’en jouir!
