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Fille, mère et grand-mère, elles sont activistes climatiques

Fille, mère et grand-mère, elles sont activistes climatiques

Rachel, Jacqueline et Leonor ont participé à leur première marche lente en automne 2023, afin de protester contre la lenteur des prises de décision des autorités concernant la crise climatique.

© ANNE-LAURE LECHAT

Trois femmes, de trois générations différentes, nous retrouvent un après-midi trop chaud de février 2024 dans un café lausannois. Jacqueline, 77 ans, Rachel, médecin de 52 ans, et sa fille Leonor, 15 ans, élève de 11e en structure musique école, ont participé à leur première marche lente en octobre 2023 à Lausanne, en famille, puis à une seconde en janvier. Des manifestations organisées par Renovate Switzerland pour exprimer la colère citoyenne face à la lenteur des prises de décision des autorités concernant la crise climatique.

Tout a commencé sur l’impulsion de Leonor, qui a grandi avec les grèves pour le climat imprimées dans l’actualité.

«Je me sens concernée par le dérèglement climatique depuis l’âge de 9-10 ans, raconte-t-elle. On en parlait souvent, entre ami-e-s, à l’école et je me sentais impuissante, limite écoanxieuse.»

Rachel ajoute: «Tu affirmais déjà que tu avais conscience que simplement le fait de vivre avait un impact sur la Terre, tu te rappelles? Ça m’a marquée.» Leonor sourit, elle ne s’en souvient pas. «En été 2023, poursuit-elle, un projet de tournée en Bulgarie s’est concrétisé pour un des orchestres du conservatoire dans lequel je joue du violoncelle. Avec mon groupe d’ami-e-s, on savait que l’avion était mauvais pour l’environnement. Ainsi, on a mené des recherches sur l’impact réel de ce mode de transport et une grande partie des musicien-ne-s et des familles accompagnantes a décidé de faire ce long voyage en train.»

Encourager ses aînées à protester

Leonor s’inscrit ensuite à la newsletter d’Extinction Rebellion, qui annonce une série de marches lentes organisées par Renovate. Elle décide d’y participer avec des amies et sa maman. Rachel reprend: «J’ai vécu mon premier déclic il y a quelques années lorsque j’ai assisté à une conférence de Dominique Bourg, professeur en sciences de l’environnement à l’UNIL. J’avais déjà pris conscience de l’urgence climatique, mais voir les faits racontés en chiffres m’a secouée. C’est Leonor qui m’a poussée à m’y intéresser davantage et je lui en suis reconnaissante. Nous avons lu par exemple Pour un soulèvement écologique de Camille Etienne, ou encore des auteur-rice-s comme Aurélien Barrau et Fred Vargas.»

Dans la jeunesse de Jacqueline, la grand-maman, on ne parlait pas de crise climatique. «Mais j’ai toujours eu à cœur de préserver la nature», assure celle qui ne manquait pas une occasion de randonner en montagne. Aujourd’hui établie en résidence pour personnes âgées à Genève, Jacqueline est atteinte de sclérose en plaques et supporte difficilement la chaleur.

«Le réchauffement climatique me fait peur, exprime la retraitée. Imaginer mes petites-filles vivre de terribles vagues de chaleur, ça m’est insupportable, alors je me suis engagée aux côtés de ma famille.»

Participer à une marche lente – non autorisée – requiert de suivre un atelier avec Renovate, même si l’on a déjà participé à des manifestations pour le climat ou les droits des femmes, comme c’est le cas de nos activistes. «Il s’agit d’une formation à l’activisme non violent, où toutes les générations se mêlent», informe Rachel, qui se dit impressionnée par la gouvernance horizontale de l’organisation. «C’était une séance riche, réagit Jacqueline, dans le respect et l’écoute des besoins et envies de chacun. Je me sens parfois hors du temps dans ma résidence et m’engager me permet d’être dans l’action.»

S'engager pour garder espoir

«La désobéissance civile m’encourage à être moins négative lorsque je pense à mon avenir, souligne Leonor, ça me donne de l’espoir.» «L’engagement en groupe est très porteur, poursuit sa mère, ça m’a émue. Les passants nous soutenaient.»

«La critique est parfois vive à l’encontre des activistes climatiques, regrette Rachel. Or, c’est détourner le problème que de criminaliser les lanceur-euse-s d’alerte plutôt que les vrai-e-s criminel-le-s qui participent à la destruction de l’environnement.»

Prendre à nouveau part à une marche, Leonor est pour, mais sa mère s’avoue plus hésitante: «Je suis en pleine réflexion sur le chemin que je suis prête à emprunter, car le risque pénal me fait peur.»

Au-delà des manifestations, la famille a petit à petit changé ses habitudes du quotidien: «Nous ne voyageons plus en avion, nous privilégions les transports publics et le vélo, nous avons drastiquement diminué notre consommation de viande. Et surtout, nous essayons d’acheter seulement ce dont on a besoin», liste Rachel, qui a dû mener un travail de déconstruction, puisqu’elle a connu l’avènement du «tout, tout de suite».

Elle tient aussi à souligner: «Nous n’avons rien d’exceptionnel, nous ne sommes pas des héroïnes de la cause climatique. Je vais terminer avec l’image du colibri: trois oiseaux ne peuvent pas éteindre le feu qui ravage la forêt amazonienne. Mais si de nombreux colibris les rejoignent, même des inconnus, de génération différente, peut-être qu’on parviendra à éteindre le feu et à faire voter des lois pour interdire lance-flammes et allumettes.»

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