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Récit: Le regard d'une fille et de son père sur la Dolce Vita

Recit le regard dune fille et de son pere sur la dolce vita

Celeste Cabrita est graphiste et a réalisé ce livre sur la Dolce Vita pour son travail de diplôme à l'Eracom.

© LUC FREY

«Un soir, en rentrant de l’espace autogéré de Lausanne, j’ai raconté ma soirée à mon père. Il m’a aussitôt posé la question suivante: «Sais-tu ce qui s’y trouvait avant?» Je savais que ça avait été une salle de concert. C’est ainsi que j’ai su qu’il avait passé beaucoup de temps à la Dolce Vita. Alors il a allumé la table lumineuse pour me faire découvrir les négatifs des nombreuses photos qu’il avait prises durant des concerts sur place. C’était magique! Les photos sont si belles. Elles reflètent l’ambiance et une énergie hors du commun.

Ce qui était cool, c’est que mon père me racontait les histoires et me faisait écouter la musique en même temps. Il m’a plongée dans l’ambiance, j’étais touchée de voir à quel point ça l’a marqué. Ce lieu était vraiment important pour lui.

Je savais que mon père avait fait énormément de photos, il en avait déjà exposé quelques-unes. Mais jamais sur ce sujet-là. Je ne comprenais pas pour quelle raison il ne s’est jamais mis en avant avec son travail photographique, qu’il considère plus comme un passe-temps à côté du reste. Je trouvais ça dommage.

Je lui ai dit: «On doit en faire une expo ou quelque chose.» L’idée a surgi dans mon esprit et je l’ai toujours gardée dans un coin de ma tête. J’ai décidé d’en faire un livre pour mon travail de diplôme à l’Eracom.

J’ai 24 ​ans, je suis née une année après la fermeture de la Dolce Vita, en 1999. Je n’ai donc pas connu l’effervescence de cette époque à Lausanne ni ce lieu mythique.

Mon père y passait du temps pour voir et écouter les artistes, les prendre en photo. Après le concert, il partait pendant que tout le monde restait pour faire la fête. Car c’était aussi un lieu de rencontre unique dans le coin.

J’aurais vraiment voulu voir ça, c’est tellement difficile de me projeter dans la tête des gens qui ont pu vivre cette période. Cette énergie et cet esprit libertaire n’existent plus aujourd’hui. La musique était au centre de tout. J’ai la sensation que les gens rêvent de renouer avec ce type d’ambiance aujourd’hui. On a toujours des lieux super en Suisse, comme l’Usine, à Genève, ou la Case à Chocs, à Neuchâtel. Mais je ne pense pas que l’état d’esprit soit comparable à celui de cette époque-là.

Pour commencer, le mouvement Lôzane bouge s’est battu pour obtenir et créer un lieu où aller voir des concerts accessibles à tout le monde. Des grands artistes qui venaient parfois de loin voulaient jouer à la Dolce Vita. Mes parents me racontent cette période et ce lieu comme une explosion totale.

Passion commune pour la musique

Je vis aujourd’hui à Paris, où je suis graphiste. Cette ville me permet d’assouvir mon appétit en arts grâce à une offre culturelle abondante. Je vais écouter des concerts, voir des expositions. Je ne sais pas si on peut le qualifier de punk, mais j’ai découvert un endroit avec deux salles que j’aime beaucoup: La Gare/Le Gore. L’entrée est à prix libre. De 21 ​h à minuit, La Gare propose des concerts de jazz, et de l’autre côté c’est plutôt techno jusqu’à 5 ​h du matin.

C’est une sorte de vieille gare délabrée avec des tapis partout, c’est très cool. On y trouve une vraie mixité sociale et générationnelle, des jeunes qui s’amusent avec des gens qui ont l’âge de leurs parents. Ce lieu un peu alternatif est encore relativement peu connu.

«La musique fait partie de ma vie…»

Mon père et ma mère m’ont transmis la passion pour la musique. Mes plus grands souvenirs remontent au Paléo Festival, quand mon père travaillait au Village du Monde. Je passais tous mes étés sur la plaine de l’Asse et j’ai vu une multitude de concerts avec lui. Je me souviens, entre autres, d’Asaf Avidan et de Stromae. J’ai vu tellement d’artistes sur scène que je ne me souviens pas de tous leurs noms. J’ai des images qui reviennent, notamment le concert du collectif jamaïcain de reggae Inna de Yard, qui m’a particulièrement marquée.

J’ai très tôt baigné dans l’énergie du live. Ma maman me raconte que quand mon père travaillait pour le label indépendant Recrec, il revenait avec des artistes à la maison. Il existe une photo de moi bébé dans les bras des membres du groupe de metal Apocalyptica, qui joue du violoncelle, nous étions tombés sur eux par hasard dans un avion.

Sur la première page du livre, j’écris «La musique fait partie de ma vie…» car j’en écoute beaucoup et aussi parce que j’adore chanter. J’ai fait du chant lyrique au Conservatoire. Et avant que je ne commence ma formation de graphiste, j’ai écrit et joué moi-même une pièce de théâtre, À travers le miroir, durant ma dernière année à l’École Steiner. Je me parlais dans un miroir dans une recherche sur mon identité.

Je suis une passionnée, c’est pour cette raison que j’ai choisi le métier de graphiste, qui me permet de toucher à une quantité d’univers différents.

Lorsqu’on a verni l’ouvrage La Dolce, deux regards à l’Atelier, café situé à l’avenue de France, à Lausanne, en avril, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai été très touchée de voir autant de gens se presser dans ce petit espace, ça débordait dans la rue! Blaise Duc et Mandrax ont donné de l’écho à l’événement, je crois qu’au final on a eu 300 ​personnes, c’était énorme!

C’était des retrouvailles en quelque sorte, certains ne s’étaient pas revus depuis la Dolce Vita. C’était vraiment touchant de voir réunies toutes ces personnes qui ont des souvenirs en commun, ainsi que d’autres générations, dont de nombreux amis à moi.

Durant ce vernissage, face à l’écho très favorable de la part du public, l’idée d’une exposition a ressurgi. Rien n’est programmé pour l’instant, mais on y réfléchit. Cela nous permettrait d’en montrer plus, car il y a de nombreuses autres photos, et pas que de la Dolce Vita, il y a aussi Fri-son, à Fribourg, et l’Usine, à Genève. Et Paléo bien sûr.»

Le journal La Dolce, deux regards d’Edgar et Celeste Cabrita, sur commande: info@dolcevitalausanne.ch

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