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Témoignage: «Je ne veux définitivement pas avoir d’enfant»

Alison ne veut pas d'enfant sterilisation sterilet choix

Le souhait d'Alison, 28 ans, de ne pas avoir d'enfant remonte à loin, puisque depuis sa jeune adolescence déjà les bébés ne l'intéressaient pas. Un choix qui n'a pas changé.

© CYNTHIA MAI AMMANN

«Tu verras, tu vas changer d’avis!» Je crois que c’est la réflexion que j’ai le plus entendue lorsque j’affirme ne pas vouloir d’enfant. De la part de mes collègues qui sont mamans comme de celle des hommes d’ailleurs. C’est insupportable pour moi, car mon choix n’est pas nouveau. Depuis que je suis toute petite, je sais que je ne veux pas d’enfant. Je n’ai pas la fibre maternelle, et je n’aime pas les enfants. C’est dur à accepter pour certaines personnes parfois, même si je ne me sens aucunement tenue d’argumenter cette décision intime et définitive.

Déjà vers 14-16 ans, je savais que je ne voulais pas d’enfant. Ma maman peut comprendre, même si elle est déçue. C’est pour mon père que c’est difficile. Il a cinq frères et sœurs, qui ont des enfants, et il est très famille. Or ma grande sœur de 31 ans est comme moi.

Mon père rêvait d’avoir un fils, il a eu deux filles qui ne veulent pas d’enfant.

Quand on lui dit ça, il respire fort et il regarde ailleurs. Du coup, la lignée s’arrête avec nous.

Un chaton, c'est chou

Je n’ai pas la fibre, le truc. Même petite, je n’étais pas du tout attirée par les poupons du genre «Baby Born» comme mes copines qui trouvaient les bébés «trop chou». Un petit chaton ou un chiot, oui. Un bébé, non. Pour l’instant, personne dans mon groupe d’amis ne veut d’enfants. Mais je redoute le jour où une de mes amies voudra devenir maman et me demandera de lui garder son enfant, car je serai obligée de lui dire non.

Je suis mal à l’aise avec les enfants, je ne sais pas comment les gérer.

Mon copain ne veut pas d’enfant non plus, ses neveux et nièces lui suffisent. Mais il ne veut pas pour autant se priver de cette possibilité, si un jour il se réveille et qu’il change d’avis. La vasectomie n’est pas envisageable pour lui. Ce n’est pas très rassurant pour moi, mais je ne peux pas lui en vouloir.

Depuis le début de notre relation il y a quatre ans, il sait que je ne veux pas devenir mère. C’est en général le premier truc que je dis à un garçon avant d’aller plus loin: «Si jamais, les enfants, je n’aime pas ça, je n’en veux pas, t’es OK, oui, non?» Ce serait dommage d’investir dans une relation qui n’est pas viable si on n’est pas accordés. Mon ex, qui est pourtant plus âgé, n’a toujours pas changé d’avis. On trouve des gens comme nous. Certains expliquent leur choix pour des raisons climatiques, et c’est vrai que moi-même j’ai peur pour mon futur, alors pour un enfant, ça me ferait de la peine pour lui si j’en mettais un au monde. D’autres personnes évoquent les enjeux économiques, et en effet lorsque je vois mes collègues qui ont des enfants et le même salaire que moi, je me demande comment elles s’en sortent.

Financièrement je ne vois pas comment je réussirais à entretenir un autre être humain.

J’ai déjà de la peine pour moi. Mais en ce qui me concerne, c’est assez extrême, car ce n’est pas que pour les enjeux climatiques ou économiques que je ne veux pas d’enfant. Je n’aime pas les enfants.

J’ai toujours l’opération en tête

Je fais tout pour ne pas tomber enceinte. Si malheureusement, un jour, ça devait m’arriver, je ne le garderais pas, ça c’est sûr. Même si je sais que ça doit être un sacré trauma. Je fais donc tout pour éviter que ça m’arrive. C’est pour ça que j’ai pensé à l’opération de stérilisation il y a cinq ans. À cette période, je prenais la pilule et ça ne me convenait pas du tout.

J’avais au fond de moi une peur viscérale de tomber enceinte. C’était extrême, j’y pensais jour et nuit.

J’allais m’acheter des tests de grossesse pour vérifier, même si je ne faisais rien pendant des mois. L’opération devenait pour moi vitale, mais aller voir un médecin avec cette demande à cet âge-là, c’est une fin de non-recevoir. Ça l’est encore aujourd’hui.

Test d'un stérilet

Lorsque j’ai demandé à mon gynécologue, qui m’a mise au monde, s’il pouvait faire l’opération, il a compris mon envie et mon point de vue, mais il m’a répondu qu’il ne voulait pas trop, car il avait peur que je change d’avis. Ce qui a été le cas avec certaines de ses patientes qu’il avait opérées. J’avais alors 22 ans, c’était trop jeune selon lui. On a alors passé un deal: on essayait avec le stérilet pour voir comment ça se passait, et on réévaluerait la situation quand j’aurais pris un peu d’âge. Je n’en ai pas reparlé avec lui depuis, car le stérilet me convient, je n’ai plus de règles, et je n’ai pas peur d’oublier de prendre ma pilule.

On a trouvé un terrain d’entente, mais je l’attends au tournant et je compte remettre ça sur le tapis, c’est certain.

En Suisse, c’est difficile de trouver un médecin qui accepte de pratiquer cette opération de stérilisation. J’ai des connaissances qui ont des enfants, et qui à 35 ans ont des gynécologues qui la leur refusent. Je m’étais renseignée à l’époque, et j’avais trouvé un médecin en France qui le faisait du côté de Genève, mais j’ai eu peur des complications. En Suisse, on a une bonne médecine, donc si je peux éviter d’aller à l’étranger pour me faire opérer, je préférerais. Ce serait bien que les mentalités évoluent un peu ici. Aujourd’hui, cette envie d’opération est un peu en stand-by, je vis avec. Mais je sais que je l’ai toujours en tête. C’est mon choix et je ne changerai pas d’avis. Je n’ai jamais eu l’ombre d’un doute.

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