Octobre rose
Témoignage: «Les hommes ne sont pas à l’abri du cancer du sein»
«Je n’ai pas eu peur. Le cancer m’a libéré des petits problèmes qui pouvaient alors jalonner mon quotidien.» - Laurent Saltini
«Mon cœur à l’intérieur / Dénudé de son sein / Pour l’instant / Il n’a pas froid / Soigné à temps / À vous de savoir / Reconnaître / Les instants débutants / De cette maladie / Je suis un homme / Sauvé par ce simple message / Donné par un ami […]» Depuis le début de son parcours vers la rémission, Laurent Saltini manie sa plume pour encrer pensées et émotions. Un jour de mai 2020, ce désormais jeune retraité de 65 ans décèle une boule sous son mamelon gauche. La couleur, la texture de sa peau lui mettent la puce à l’oreille.
«Je savais que le cancer du sein pouvait aussi être masculin, même si c’est une maladie plus rare chez les hommes (50 nouveaux cas par année en Suisse, ndlr), cela grâce à l’expérience d’un collègue qui est passé par là», raconte Laurent.
Ingénieur de formation, celui qui a travaillé comme technicien vidéo puis réalisateur pour le journal télévisé de la RTS a le réflexe de consulter son médecin traitant. Après les examens, le couperet tombe: Laurent a un cancer du sein hormonal, dont la cause est un taux élevé d’œstrogènes. Même si elle est détectée tôt, la maladie a déjà produit des métastases. «Ma prise en charge médicale est allée très vite. Au mois de juin, j’ai subi une mastectomie, puis j’ai entamé un traitement de chimiothérapie pendant six mois, et de radiothérapie pendant un mois, confie-t-il. Les effets secondaires, comme l’extrême fatigue, ont parfois été lourds à supporter. Aujourd’hui, je suis en rémission.»
Malgré les défis, Laurent ne subit pas sa maladie, au contraire, une incroyable énergie positive l’entraîne vers l’avant. «Je n’ai pas eu peur. Le cancer m’a libéré des petits problèmes qui pouvaient alors jalonner mon quotidien, il a absorbé les mauvaises énergies. J’ai eu la chance d’être entouré de personnes qui traversaient la même chose que moi: ma cousine, Isabelle, et mon amie Patricia, rencontrée lors de mon rendez-vous pour la mastectomie et avec qui j’ai créé en 2023 le podcast Ensemble, sur notre parcours avec le cancer du sein.»
Une renaissance par l’écriture
Dirigé vers le Centre OTIUM à Genève par le corps médical, Laurent découvre l’atelier d’écriture.
«J’y ai trouvé une nouvelle famille, un lieu apaisant où l’on est entouré de personnes – surtout des femmes, avec qui je me suis toujours senti à l’aise – qui nous comprennent avec qui on peut être soi-même.»
Laurent a toujours aimé les mots. Depuis l’enfance, il écoute Brassens, Brel, Ferré ou Cabrel, la musique l’inspire mais il ne parvient pas à coucher ses pensées sur le papier. L’atelier lui a ouvert la voie. «L’écriture m’a complètement changé, je l’ai vécu comme une renaissance, un apaisement psychologique à travers l’expression de mes émotions. Je poste mes poèmes sur un blog et j’ai l’espoir, un jour, que mon travail soit publié.»
Retraité depuis un an, Laurent a quitté Genève pour le Valais, où il vit avec son épouse. Actif dans le bénévolat («Les journées canapé, très peu pour moi!»), il a la volonté d’inaugurer un atelier d’écriture près de chez lui, à Ardon, au centre ASOA: «C’est gratuit et ça fait du bien.» Sa conclusion? «Je témoigne pour visibiliser le fait que le cancer du sein masculin existe. Et que la maladie, même avec ses challenges, peut apporter du positif.»
En cas de suspicion d'un cancer du sein, n'hésitez pas à consulter votre médecin. Le CHUV ainsi que les HUG possèdent un Centre du sein, auprès desquels il est possible de trouver des informations. De plus, les cantons romands invitent les femmes dès 50 ans à effectuer une mammographie de dépistage tous les deux ans, un examen pris en charge par l'assurance-maladie.
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