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Vie d'expat: Elle ouvre une guest house au Japon

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«Cela fait maintenant six ans que nous sommes au Japon et nous envisageons de retourner en Suisse.» - Elisa Tramontana

© DR

J’ai découvert le Japon pour la première fois lors d’un stage de trois mois organisé durant mes études en céramique au Centre d’enseignement professionnel de Vevey (CEPV). Cet art très ancien est reconnu dans ce pays. Durant cette première immersion, je travaillais beaucoup et je n’ai pas pu visiter le pays comme je l’imaginais. J’ai donc décidé d’y retourner pour sept mois à la fin de mes études. J’avais beaucoup apprécié la découverte de cette culture si différente de la mienne et où, en même temps, je me sentais très à l’aise.

Ce deuxième voyage s’est déroulé en 2014, quand j’avais alors 23 ans. Je me suis arrêtée dans une guest house à Kyoto, car la ville me plaisait, et j’ai rencontré Shota, mon mari actuel, qui y travaillait. J’ai été ensuite employée au sein de cet établissement où j’ai passé plusieurs mois et nous avons commencé notre histoire d’amour. Puis, je suis tombée enceinte et j’ai préféré retourner en Suisse. Shota m’a suivie, nous nous sommes mariés et avons commencé notre vie de famille. Matilda est ensuite née, en 2016, puis, en 2018, est venu le tour de Niina.

On avait décidé qu’on vivrait trois ans en Suisse, puis trois ans au Japon pour en apprendre plus sur nos cultures respectives. Ensuite, on choisirait dans quel pays s’installer. Finalement, notre choix n’est pas encore fait.

Donc en 2018, on est parties vivre à Tokoname. C’est là que j’avais fait mon stage, cinq ans auparavant, car c’est un lieu emblématique de la céramique. Nous étions, de plus, proches de la ville d’origine de Shota, Nagoya. Les premiers mois là-bas, j’ai dû commencer mon intégration dans cette nouvelle vie et tout n’était pas toujours facile. Je devais m’occuper de mes deux filles, mais j’étais aussi très seule.

Tokoname est une ville de bord de mer - ce qui était très agréable à vivre - mais il y a aussi une ambiance de village en quelque sorte. Il y a peu d’étrangères et d'étrangers qui y vivent et peu de personnes parlent anglais, ce qui rendait la communication difficile pour moi. Il faut aussi dire que Shota travaillait énormément, le rythme est très différent comparé à la Suisse. Concernant mon apprentissage du japonais, je ne le parlais pas en arrivant, même si j’avais quelques bases. Par la suite, je m’étais dit que j’apprendrais avec mes filles mais finalement c’est allé tellement vite pour elles que je n’ai pas réussi à les suivre.

Mon mari leur parlait japonais depuis qu’elles sont nées. De mon côté je leur parle français, car c’est très important pour moi qu’elles soient bilingues. Avec Shota, nous parlons en anglais.

Une proposition providentielle

Après environ une année, notre projet d’ouvrir une guest house – le rêve de Shota – a pu se mettre en marche grâce à la rencontre incroyable d’un homme. Il nous a permis de rénover son ancienne maison japonaise, une bâtisse centenaire qui se trouve sur le chemin de la céramique, un lieu très touristique à Tokoname. Matilda est également allée à la garderie et j’ai commencé à donner des cours de français, ce qui me permettait d’avoir une activité de mon côté. Mon intégration se passait de mieux en mieux. Il y a aussi eu notre rencontre avec la famille Sawada qui allait dans la même garderie que nous. Keiko, la maman, a habité quelques années à l’étranger et parle anglais, ce qui a facilité notre rencontre. C’est comme ça qu’une belle amitié est née.

Au Japon, on ose moins se parler, s’aborder. En même temps c’est positif, car on te laisse en paix – une bonne chose en tant que femme – mais d’un autre côté, tu rencontres moins des personnes. Il faut par exemple être assez proches pour s’inviter les uns chez les autres. C’est plus courant de se retrouver entre amis au restaurant.

Elisa Tramontana avec son mari Shota Urabe et leurs deux filles, Japon
Elisa Tramontana est partie vivre au Japon en 2018 avec son mari Shota Urabe et leurs deux filles. © DR

Rencontres et illustrations

Pour en revenir à nos projets, une fois les travaux terminés, nous avons pu ouvrir officiellement la «Yomogi guest house» dont nous sommes désormais comanagers. Mais nous étions en 2020, donc nous nous sommes très vite retrouvées confronté-e-s à la crise sanitaire. Les frontières du Japon sont restées fermées plus de deux ans, c’était difficile d’avoir des client-e-s et de tourner correctement, ce qui explique que nous avions d’autres jobs à côté. Depuis 2023, les choses se passent bien et nous accueillons autant de client-e-s japonais-e-s qu’étranger-ère-s. C’est une expérience très chouette qui nous permet de faire de belles rencontres.

Durant cette période, je me suis également lancée dans le dessin au Posca, des marqueurs japonais, pour réaliser des illustrations. Ces dessins ainsi que des objets dérivés de ces derniers ont rencontré un certain succès et j’ai pu commencer à vendre mes réalisations sur des marchés, tenus notamment par des ami-e-s. C’était encore une nouvelle étape pour mon intégration au Japon.

Cela fait maintenant six ans que nous sommes au Japon et nous envisageons de retourner en Suisse. Cela reste un choix difficile, car nous sommes très heureuses et heureux de notre guest house et de notre vie là-bas, mais, dans quelques années, nos filles commenceront l’école secondaire et la question d’un déménagement se pose, car il semblerait que ce soit très strict avec peu de liberté pour les élèves. Durant l’école primaire, j’ai pu constater cependant à quel point elles avaient appris à être autonomes. Une bonne chose. Le choix du pays où nous voulons vivre est délicat, car la Suisse offre plus de stabilité financière, peut-être un système scolaire plus adapté et une meilleure protection sociale, mais le Japon nous offre la possibilité de gérer notre guest house (nous allons d’ailleurs prochainement ouvrir un petit café).

Nous nous sentons très épanoui-e-s ici et j’aimerais aussi refaire de la céramique. Je vais cependant séjourner en Suisse cinq mois cette année 2024 pour voir ce que ça donne d’y revivre. Shota va rester au Japon et gérer la guest house durant cette période, ça va être un vrai challenge pour moi. Quand je prends du recul sur mon intégration et mon expérience du Japon et de la Suisse, je dois dire qu’avec Shota, on aurait parfois envie de créer notre propre pays qui mélangerait les aspects qu’on apprécie de chaque côté.

Je pense que je serai toujours partagée entre ces deux cultures.

Et grâce à ma découverte constante de ce pays, le Japon n’arrêtera jamais de m’étonner.


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