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Vie d'expat: Elle passe deux ans en famille au Cambodge

Vie dexpat elle passe deux ans en famille au cambodge

Cet été 2024 nous donnons la parole à des Suissesses qui vivent hors de la frontière. Ici, la photographe Zoé Jobin et sa famille au Cambodge.

© ZOÉ JOBIN

Nous sommes arrivés à Phnom Penh, la capitale du Cambodge, en septembre 2023. Neuf mois plus tard, on a pris notre rythme. On se sent vraiment à la maison, avec déjà notre routine familiale. Il est prévu que nous restions deux ans. Partir vivre et travailler à l’étranger faisait partie de nos projets depuis des années, sans plan défini. Et puis finalement, mon mari a postulé en avril 2023 pour un travail de contrôleur financier dans une ONG au Cambodge. Tout s’est passé rapidement et simplement.

On connaissait déjà un peu l’Asie du Sud-Est, nous y étions passés lors d’un voyage autour du monde de dix mois en 2016-2017, avec un stop de trois semaines au Cambodge. On savait que ce pays est une région du monde où il est facile de vivre, où il n’y a pas trop de problèmes de sécurité et où les gens sont gentils. Mon mari travaille pour l’ONG «Pour un sourire d’enfant», créée par un couple de retraités français il y a 25 ans. À l’époque, il y avait énormément d’enfants qui travaillaient sur les décharges. Ils ont découvert ce problème et ont décidé de leur apporter un repas par jour. Puis ils se sont dit que cela ne suffisait pas, car leur condition précaire demeurait. Ils ont commencé à construire une école pour pouvoir offrir une éducation aux jeunes. Aujourd’hui, 6500 enfants sont scolarisés. 95% des employé-e-s de l’ONG sont des Cambodgiens. La mission de mon mari est de leur apporter son expertise financière et comptable pour qu’ils puissent ensuite se passer de lui.

De mon côté, je m’occupe beaucoup de ma famille parce qu’on a un rythme de vie qui a changé. En Suisse, mon mari travaillait à 80%. Ici, il est à 100%, donc je gère pas mal nos responsabilités.

© ZOÉ JOBIN

Équilibre de vie à retrouver

En Romandie, photographe à mon compte, je ne pouvais compter que sur moi pour mes mandats, et ça me convenait très bien. Mais avec l’expatriation, je rajoute une couche de difficulté parce que je me retrouve dans un pays que je ne connais pas complètement. L’équilibre entre la vie perso et pro n’est pas toujours facile à trouver. D’autant plus que je n’ai pas de cadre professionnel comme mon mari. En même temps, cette nouvelle vie m’offre la liberté d’avoir du temps pour mes projets personnels.

J’essaye de travailler sur des sujets de société locaux qui m’inspirent des documentaires. J’avance dans mon travail de photographe mais aussi sur mon blog de cuisine. Je travaille en ce moment sur un projet de livre qui mêle photographie, récits de voyage et portraits de femmes locales qui me confient leurs recettes. Surprenante, la cuisine cambodgienne, riche en poissons, fruits de mer, feuilles et fleurs, est peu connue comparée à la cuisine thaïe.

À deux ans et demi, mon fils donne l’impression qu’il a toujours été là.

À son âge, il ne se pose pas tous ces questionnements d’adultes qu’on peut avoir. Il prend le tuk-tuk pour aller à l’école et voir ses copains, croise des singes dans la rue… Il est tout à fait bien intégré à l’environnement. C’est sa nouvelle normalité.

Quand on est arrivé, il commençait à peine à parler. C’est pour cela qu’on a fait le choix d’une école internationale où les enfants parlent en anglais et en français. On voulait qu’il garde un lien avec le français. Maintenant, il commence à dire des mots en khmer comme merci, au revoir, bonjour… C’est chou! De façon générale, les gens sont très gentils avec les enfants. Ces derniers sont bien accueillis partout.

© ZOÉ JOBIN

Capitale pleine d’énergie

À Phnom Penh, «petite» capitale de deux millions d’habitants, le rythme est beaucoup moins stressant qu’en Suisse. Les gens disent même que Phnom Penh est un village. Le contact avec la population y est facile et chaleureux.

Je ressens également moins d’injonctions à devoir être productive tout le temps à 100%.

C’est un gros changement pour moi, c’est agréable. La vie est également créative parce qu’il y a toujours quelque chose qui se passe. Marchés, vendeurs ambulants, couleurs… La ville possède beaucoup d’énergie.

Toutefois, Phnom Penh a vécu beaucoup de changements depuis son occupation par les Khmers Rouges dans les années 70. De nombreux bâtiments n’ont pas été entretenus par le régime. L’urbanisme est un peu chaotique. Sur les trottoirs quasi inexistants, les vendeurs ambulants mettent leurs tables, les gens parquent leur moto ou leur voiture. Ce n’est pas une ville qui est facile à appréhender pour nous Européens.

Il n’y a pas beaucoup d’espaces verts, et cela nous manque beaucoup. D’ailleurs, on a choisi notre appartement parce qu’il était proche du Wat Phnom, le seul parc arborisé de la ville. Mais la ville est en pleine expansion, ce qui crée un mélange de modernité et de traditions. Par exemple, il est courant ici de se recueillir dans les temples, même si on n’est pas croyant-e. On peut y faire de la méditation gratuite et guidée par des moines. J’y vais souvent avec mon fils, c’est un moment d’apaisement, loin de la ville.

Île de Koh Ta Kiev, Bornéo...

Quand on vit à l’étranger, le risque est de se retrouver un peu dans une bulle, de rester avec d’autres étrangères et étrangers rencontré-e-s à l’école internationale, dans les mêmes endroits… Alors on essaye de visiter le plus possible le pays. Le week-end, on se rend parfois en train dans des villes voisines comme Takeo, ou on va à la mer sur la petite île de Koh Ta Kiev. Cet été, on voyagera à la frontière avec la Thaïlande. J’essaye par ailleurs de rencontrer le plus possible de gens et j’apprends le khmer pour casser la barrière de la langue. L’histoire des Cambodgien-ne-s avec les Khmers rouges est difficile, pourtant leur force est exemplaire. Ce pays me touche aussi pour cette raison.

© ZOÉ JOBIN

Après quasi une année passée à l’étranger, on se dit qu’on aura de la peine à revenir. Pour le moment, on profite de l’instant présent. Avant de rentrer en Suisse, on aimerait finir notre périple par un voyage de quelques mois, par exemple au Yunnan en Chine, à Taïwan ou à Bornéo. Histoire de profiter encore en famille.

L’expatriation, c’est une chance de pouvoir changer notre regard sur le monde.

Même si on comprend qu’il y a beaucoup de choses qui fonctionnent chez nous, il y en a beaucoup d’autres qui fonctionnent ailleurs, d’une autre façon. On peut apprendre de tout cela. Par exemple, Phnom Penh est le royaume de la livraison, un aspect qu’on n’imagine pas forcément avec notre œil occidental. Pourtant, on peut tout acheter par téléphone: bouteille d’eau dans la rue à 20 centimes, réservation de tuk-tuk, soupes de nouilles au porc… Même si le Cambodge est encore un pays très rural, il est aussi tourné vers la modernité!


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