JO de Paris 2024: Les tenues officielles des athlètes

Paris, sa tour Eiffel, ses Champs-Élysées et ses grandes maisons de couture sont connus à travers le monde. Mais changement de décor pour la capitale de la mode. La Ville Lumière va se transformer en un terrain de jeux à ciel ouvert pour accueillir les Jeux olympiques (du 26 juillet au 11 août) et paralympiques (du 28 août au 8 septembre) de Paris 2024. Ce sont donc près de 15′000 sportifs représentant plus de 200 pays qui participeront à une trentaine de disciplines.

Durant plusieurs semaines, les yeux du monde entier seront tournés vers Paris. Dans ce contexte particulier, la mode s’invite forcément sur le terrain. À chaque pays, son style d’uniforme. «L’uniforme va traduire l’état d’esprit d’une culture. À l’heure des questionnements sur l’identité nationale, comment celle-ci va-t-elle s’exprimer dans un uniforme? Qu’est-ce qui fait la singularité d’un pays à l’ère de la globalisation?

Les uniformes de la délégation française, signés Stéphane Ashpool pour l’équipementier Le Coq Sportif et Berluti pour ceux de cérémonie, ont été dévoilés il y a quelques semaines en grande pompe. Les réactions, aussi enthousiastes que médisantes, ne se sont pas fait attendre. Paris, en tant que capitale de la mode, a la pression pour être à la hauteur de sa réputation.

D’ailleurs, juin fait vibrer la ville au rythme d’événements fashion. La Fashion Week masculine printemps-été 2025 vient de se terminer, pour laisser place à la Haute Couture Week automne-hiver 2024-2025. Sans oublier Vogue World, une manifestation organisée conjointement avec Condé Nast et la FHCM (Fédération de la haute couture et de la mode) qui célèbre 100 ans de mode et de sport, soit la dernière fois que Paris a organisé les Jeux olympiques. Tout le gotha de la mode et du sport sera réuni au même endroit, de quoi créer des synergies.

De plus, le groupe de luxe LVMH est l’un des partenaires privilégiés des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Leur partenariat «fait écho à la vocation du groupe, celle du savoir faire rêver. LVMH jouera un rôle majeur en mettant l’excellence et les savoir-faire de ses artisans au service des moments clés de célébration de ces Jeux», selon le site du groupe.

Enjeux commerciaux et design

Pour les marques sélectionnées, c’est une reconnaissance et un enjeu commercial de taille, puisque la visibilité offerte est massive. Un milliard de spectatrices et spectateurs sont attendu-e-s pour regarder la cérémonie d’ouverture qui aura lieu sur la Seine. Mais cela s’accompagne de la lourde responsabilité de taper dans le mille. «Il faut respecter les codes du sport, explique Vincent Grégoire.

C’est donc un juste équilibre à trouver entre «une allure formelle, car cela reste une tenue d’apparat, mais qui soit à la fois décontractée sans faire brigade militaire.

L’idée est de s’affranchir de l’uniforme de style coincé, genre hôtesse de l’air.» On se tourne vers des marques ou des créateurs qui ont une vision alternative. C’est le cas du Français Stéphane Ashpool, autodidacte, touche-à-tout, connu pour sa marque de prêt-à-porter masculin Pigalle et lauréat du Grand Prix de l’Andam en 2015. Il signe les uniformes de la France dans un style street chic en tenant compte des spécificités de chaque discipline afin de rester fonctionnel.

Extravagance et polémique

Il va sans dire qu’on évite toute sorte d’excentricité inadéquate. «On va limiter les excès graphiques et la caricature. De plus, il y a un retour à la pudeur. On a vu récemment le bad buzz lorsque la délégation des États-Unis a dévoilé ses tenues créées par Nike et les bodies très échancrés des athlètes américaines», souligne Vincent Grégoire. Des tenues jugées sexistes et qui remettent en question, à l’ère de #MeToo, les différences de conception d’équipement qu’il peut y avoir entre une femme et un homme pour une même discipline. À un peu plus d’un mois du premier coup de sifflet, on peut être quasi certain que des uniformes vont forcément faire jaser.

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Cocorico suisse: On et Ochsner Sport

La marque zurichoise On, créée en 2010, a le vent en poupe. Elle vient de signer dans la foulée les uniformes de Swiss Olympic en collaboration avec Ochsner Sport et Zendaya en tant qu’ambassadrice. On s’aligne désormais avec les grands équipementiers internationaux. La collection évoque, par ses dégradés, les armoiries des 26 cantons afin de refléter la diversité des cultures et la devise de ces jeux «United4Excellence».

Message d'amour: Decenio et le Portugal

C’est la deuxième fois que la délégation portugaise est habillée par Decenio. Cette dernière se veut classique, mais dans le sens moderne du terme. Au-delà d’habiller des sportives et sportifs, l’idée était d’envoyer un message d’amour à tout le monde. L’imprimé principal a été inspiré des motifs typiques de l’artisanat portugais, d’abord brodés à la main, et réalisés en collaboration avec la Cooperativa Aliança Artesanal de Vila Verde.

Pour le meilleur et le pire: États-Unis et Nike

Ce n’est pas une surprise que le mastodonte de l’équipement sportif Nike habille les États-Unis. Mais ce qui l’a été c’est le bad buzz que les tenues de l’équipe olympique féminine d’athlétisme ont provoqué il y a quelques semaines. Et pas seulement de la part du public, mais des sportives elles-mêmes. Alors que la compétition dans le milieu du vêtement de sport semble s’intensifier, comment Nike compte tirer son épingle du jeu?

Cérémonie sur mesure: Berluti et la France

Grand saut pour la maison de luxe Berluti qui confectionne pour la première fois les tenues de cérémonie de la France. L’équipe de création a collaboré avec Carine Roitfeld, célèbre styliste et ancienne rédactrice en chef de Vogue Paris pour concevoir les costumes au col tricolore. Afin que le groupe soit parfaitement en harmonie les jours J, les 1500 ensembles ont tous été intégralement retouchés selon les différentes morphologies des valides et non-valides.

Tradition revisitée: Laura Weber et l'Irlande

Laura Weber pour son label LW Pearl a dessiné les tenues de cérémonie des athlètes irlandais. La créatrice d’origine dublinoise est basée à New York et travaille notamment pour des marques ou des stars célèbres en leur confectionnant des textiles sur mesure décorés de broderies. Sa proposition pour les JO s’inspire des archives sportives des années 20 et va à la simplicité, mais tout en gardant des détails artisanaux, comme le mot Ireland sur les vestes en tweed tufté ou les broches représentant un trèfle.

Flamboyant érable: Lululemon et le Canada

Lululemon, c’est une des marques préférées de tous les yogis qui se respectent. Créée au Canada en 1998, la compagnie habille l’équipe canadienne depuis Pékin 2022. Les différents imprimés déclinés dans des tonalités de rouge et de blanc représentent l’art, la nature et l’architecture du pays. Comme la cérémonie d’ouverture se déroulera en plein air à bord d’embarcations sur la Seine, plusieurs options versatiles sont à disposition selon la météo, comme le poncho qui se transforme en sac à dos.

De la rue au podium: The New Originals et les Pays-Bas

Une nouvelle discipline fait son entrée aux Jeux olympiques: il s’agit du breaking, dance issue du monde du hip-hop. Des labels alternatifs, comme The New Originals pour les Pays-Bas, font donc aussi leurs débuts dans le monde olympique en habillant les B-Girls et les B-Boys. TNO, basé à Amsterdam, a rencontré le succès dès 2011 en mêlant mode, art et musique.

Les volontaires habillés par Decathlon

Decathlon fait un gros coup et est en passe de devenir un géant planétaire du sport. L’entreprise de grande distribution d’équipements de sport et de loisirs signe toutes les tenues des volontaires œuvrant autour des Jeux olympiques, cela représente 45′000 personnes! La panoplie, composée de quinze pièces, est fabriquée à 53% en France et s’inscrit dans une démarche écoresponsable.

Des médailles signées Chaumet

5084, c’est le nombre de médailles en bronze, argent et or conçues par Chaumet, propriété de LVMH, pour les athlètes olympiques et paralympiques. C’est la première fois qu’une maison joaillière imagine des médailles. Elles reprennent les codes de l’Hexagone et possèdent en leur centre un insert métallique, issu de la tour Eiffel, et serti selon des techniques joaillières.