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Cyndi Lauper: Un documentaire sur sa vie et une tournée d’adieu

Cyndi lauper un documentaire sur sa vie et une tournee dadieu

Avant son ultime tour de chant, l'interprète du tube planétaire et féministe Girls Just Wanna Have Fun et l'icône des alliés LGBTQIA+ est à l'affiche du documentaire Let The Canary Sing. L'occasion de revoir ses classiques.

© GETTY IMAGES/AXELLE BAUER GRIFFIN

L’icône des années 80 voit sa vie retranscrite dans Let The Canary Sing, le film documentaire de la réalisatrice américaine Alison Ellwood (à voir sur Canal+). Elle est la première artiste à être nommée icône des alliés LGBTQIA+ à vie par la WeHo Pride de West Hollywood et vient d’annoncer les dates américaines de son «Girls Just Wanna Have Fun Farewell Tour», sa tournée d’adieu qui commencera en octobre aux Etats-Unis. En attendant qu’elle ne vienne peut-être en Europe en 2025, revoyons ses classiques.

Comme Marilyn Monroe, la position du «y» dans son prénom porte souvent à confusion. Comme elle n’a jamais rien fait comme les autres, Cyndi Lauper signe sa singularité en apposant le sien en premier. Où le temps s’est-il envolé depuis son cri primal sur la scène internationale avec Girls Just Wanna Have Fun en 1983, pour qu’elle décide d’arrêter aujourd’hui?

À l’annonce de son ultime tour de chant, les moqueuses et moqueurs sont empressé-e-s de rétorquer «ah, parce qu’elle chantait encore?» La réponse est oui, à bientôt 70 ans (samedi 22 juin), le canari n’a jamais cessé de s’égosiller sur ses quatre octaves. Ce clap de fin annoncé en fanfare juste avant la sortie du documentaire et sa prestation à la Gay Pride de West Hollywood est l’occasion rêvée de revenir sur la carrière hors norme de l’auteure et interprète de She Bop, son ode à la masturbation féminine.

Traumatisme enfoui

Son patronyme vous a toujours semblé familier? Pas étonnant: Cynthia Ann Stephanie Lauper est originaire du canton de Schaffhouse du côté de son père Fred. Elle n’a que cinq ans quand Catrine, sa mère d’origine sicilienne, divorce de son père avant de se remarier… pour le pire. En pleine promo du film qui lui est consacré, elle ouvre son cœur comme elle ne l’avait jamais fait auparavant en évoquant un traumatisme enfoui depuis son plus jeune âge.

Au journaliste Anthony Mason qui l’interroge dans l’émission CBS News Sunday Morning début juin, elle évoque à demi-mot l'innommable sans jamais mettre de terme dessus. Le visage fermé et le regard en bas, elle confesse face caméra:

«Je pense que mon beau-père avait de sérieux problèmes de santé mentale, ce qui m’a rendu la vie impossible.

Quand ma sœur Ellen a quitté le foyer familial, quelque chose de grave s’est produit. Je l’ai appelée pour lui expliquer, elle m’a répondu: "Rejoins-moi immédiatement, tu n'es pas en sécurité en restant là-bas." J’avais douze ans à ce moment-là et tout est devenu limpide dans ma tête, mais cela avait réellement commencé quand j’avais huit ans. Peut-être même quand j’avais quatre ans et demi, mais j’ai effacé de ma mémoire. C’est ainsi que j’ai réalisé les bienfaits de la musique dans ma vie.»

La petite Cynthia se sent littéralement sauvée par la musique. En 2003, elle rend hommage aux artistes qu’elle écoutait pour soigner les bleus de son âme avec l’album At Last. On y retrouve des reprises de standards de jazz qui ont bercé son enfance. En plus d’un duo avec Tony Bennett, elle reprend, entre autres, Dionne Warwick, Edith Piaf, Aretha Franklin et Nina Simone. La colère qui gronde au fond d’elle la mène sur la voie de l’anticonformisme à un âge où l’on cherche généralement à se fondre dans la masse.

Une enfant bizarre

«J’étais une enfant bizarre, ma maman me racontait que je passais beaucoup de temps toute seule, se remémore-t-elle dans l’émission The Drew Barrymore Show.

Le truc, c’est que les choses qu’on déteste en soi quand on se sent différente, on comprend en devenant adulte comment les gérer et comment les utiliser à bon escient pour créer. Quand j’ai découvert les vêtements vintage à l’université, on a commencé à me lancer des pierres. Ma grand-maman était catastrophée, elle demandait à ma maman pour quelle raison elle ne me faisait pas rentrer dans le rang.» Mais Cynthia ne baisse pas la garde. Au lieu de cela, elle tend l’autre joue en guise de pied de nez à ses harceleurs et harceleuses.

Jobs d'appoint et petits clubs

Bien avant les débuts de la pop culture, l’histoire a prouvé que le revers de la médaille de la popularité est souvent l’impopularité. Cynthia en fait les frais à ses propres dépens. Sa colère gronde toujours autant. Encore une fois, son exutoire passe par la musique, très exactement par le chant. En 1978, l’année du hit Heart of Glass de Blondie, le groupe de rock new-yorkais mené par Debbie Harry, Cyndi Lauper devient la chanteuse du groupe Blue Angel. Elle a 25 ans. Sa voix, sa gouaille et son look de punkette disco à la sauce rétro ne passent pas inaperçu. Lorsque le groupe se sépare, elle vit de petits jobs et chante dans des clubs locaux. Elle finit par être repérée par David Wolff en 1981, un gros bonnet du showbiz qui lui fait signer un contrat d’enregistrement avec la maison de disques Epic Records.

© GETTY IMAGES/TERRY LOTT

Ainsi sort son premier album solo, She’s So Unusual en 1983. Un disque truffé de tubes en puissance dont le titre pourrait être traduit par «Elle est si peu ordinaire». Elle commence très fort avec un méga hit planétaire, le fameux Girls Just Wanna Have Fun. Écrites par Robert Hazard, les paroles sont trop misogynes selon la chanteuse, qui n’hésite pas à les changer. Au passage, elle réussit le tour de force de transformer la comptine pop en hymne féministe intergénérationnel. À tel point qu’en octobre 2022, la fondation Girls Just Want to Have Fundamental Rights voit le jour à son initiative aux Etats-Unis pour récolter des fonds en faveur des organisations qui font progresser les droits et la santé des femmes et toutes les filles.

Chanteuse d’hymnes

Les hymnes, c’est bien cela qui fait la particularité de Cyndi Lauper. Là où d’autres n’en comptent souvent qu’un dans une carrière, l'auteure compositrice et interprète les aligne dès le début de sa carrière. Ainsi, après ce démarrage en trombe, elle sort le mélancolique Time After Time, dont la mélodie lancinante et la beauté du texte sont sublimés par la tessiture vocale unique de la chanteuse.

Avec ce premier album dont la pochette iconique est immortalisée par la photographe Annie Leibovitz, Cyndi Lauper place la barre très haut. Son style haut en couleurs colle parfaitement aux années 80 et à l'avènement de MTV. Elle change de look, de coupe et de couleur de cheveux plus vite que son ombre. Dans une récente interview, elle relate avoir compris à ce moment-là que celles et ceux qui lui lançaient des pierres quelques années auparavant, sont les mêmes qui s’approprient son style au début de sa carrière. En conséquence, elle commence à se foutre royalement du jugement des autres. Pourquoi s’en soucier, après tout?

Charité bien ordonnée

En 1985, Lionel Richie lui propose de participer à l’enregistrement de We Are the World, à l’initiative du projet USA for Africa qu’il a mis sur pied avec Michael Jackson pour lutter contre la famine en Éthiopie. Cyndi Lauper est honorée d’être sollicitée parmi une majorité d’artistes noirs, elle accepte l’invitation.

Sur Netflix depuis janvier 2024, le documentaire The Greatest Night in Pop retrace cette incroyable aventure. On y retrouve en studio les vingt et un artistes qui ont enregistré la chanson en une nuit, à l’issue de la cérémonie des American Music Awards qui se tiennent à Los Angeles.

Les bijoux de la Castafiore MTV

À tour de rôle, Lionel Richie, Michael Jackson, Diana Ross, Dionne Warwick, Bruce Springsteen, Stevie Wonder, Tina Turner et Bob Dylan chantent leur couplet ou se retrouvent en chœur sur le refrain, sous la direction artistique de Quincy Jones. L’enregistrement se poursuit jusque tard dans la nuit… Épuisé, le producteur ne comprend pas d’où peut bien parvenir un étrange cliquetis en fond sonore lors de la session avec Cyndi. Ils ont beau reprendre, la nuisance sonore persiste. Jusqu’au moment où l’ingénieur du son demande à la chanteuse d’enlever ses nombreux bracelets et colliers. C’était donc ça! Devenu un classique, le morceau et surtout, le passage où tonitrue la chanteuse à la chevelure mi-jaune, mi-rouge, est ancré dans l’inconscient collectif.

Alliée LGBTQIA+ pour la vie

Sensibilisée très jeune aux minorités, à celles et ceux que la société contraint à rester tapis dans l’ombre, Cyndi Lauper s’est avérée au fil des années une précieuse et fidèle alliée pour les communautés LGBTQIA+. Chaque année, l’inoubliable interprète de True Colors - encore un hymne - se produit à la Gay Pride pour un mini tour de chant aux couleurs de l’arc-en-ciel.

En 2024, elle est même la toute première artiste à avoir été nommée icône des alliées pour la vie par la WeHo Pride de West Hollywood. Elle s’y produit le 2 mai, quelques jours après avoir annoncé sa tournée d’adieu aux Etats-Unis, qui devrait passer par l’Europe en 2025. A un journaliste qui lui demande pourquoi s’arrêter en si bon chemin, l'artiste répond: «Écoutez, je n’ai jamais été en meilleure forme qu’aujourd’hui à 70 ans. Mais je ne sais pas dans quel état je serai dans cinq ans, alors je préfère célébrer ma carrière avec mes fans pendant qu’il est encore temps!» Si la sagesse est une vertu, Cyndi Lauper demeure une invaincue.

Cyndi Lauper
© GETTY IMAGES/AXELLE BAUER GRIFFIN

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