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Dans «Les recettes du bonheur», la cuisine adoucit les moeurs

Film recettes bonheur
© DR

Le film, tiré du roman de Richard Morais «The Hundred-foot Journey», raconte l'épopée d'une famille de cuisiniers indiens dont le restaurant est incendié lors d'un acte islamophobe et qui prend la route de l'immigration.

Après un détour par Londres, où le personnage principal, le jeune chef Hassan (Manish Dayan), trouve que «les légumes n'ont pas d'âme», ils posent leur valises dans un village de carte postale du sud-ouest de la France, Saint-Antonin. Ils y ouvrent de nouveau un restaurant, «Maison Mumbai», juste en face du «Saule Pleureur», un étoilé Michelin dirigé par la très guindée Madame Mallory (Helen Mirren). De là, naît un duel de civilisations à coup de pigeon rôti et poulet tandoori, sur fonds de tensions raciales en France, où le restaurant sera incendié par de jeunes xénophobes, faisant écho au drame initial.

Le film suit la même recette que «Chocolat» (2000), le plus grand succès de Lasse Hallström, également auteur de «Gilbert Grape» (1993) et «L'oeuvre de Dieu, la part du Diable» (1999). Dans ce conte de fées pour adultes distribué par Disney aux Etats-Unis, tout se termine évidemment bien: le talentueux jeune chef va briller à Paris dans un établissement de cuisine moléculaire («George», du centre Pompidou, rebaptisé en «Baleine grise» pour l'occasion), conquérir la jolie cuisinière du «Saule Pleureur» (la pétillante Charlotte Le Bon) et la chef étoilée revêche (Helen Mirren) succombera aux charmes du patriarche indien (le truculent Om Puri).

Marseillaise et Bhangra

Entre temps, les spectateurs auront eu le temps d'avoir envie de partir en vacances en Midi-Pyrénées et de saliver devant un défilé de massala, de tartelettes et boeuf bourguignon saupoudré de cardamome, sur fonds de Marseillaise et de musique bhangra.

Le film tomberait dans le doucereux, entre traveling au ralenti sur un plateau d'apéritif et pique-niques bucoliques, sans le charisme de ses interprètes et de dialogues souvent très drôles, bien que parfois convenus. Helen Mirren parodie à merveille la vieille France imbue de ses traditions («Ici la cuisine n'est pas un vieux mariage fatigué, c'est une liaison passionnée») et volontiers arrogante («Si votre cuisine ressemble à votre musique, je vous suggère de la faire un peu moins forte»).

Om Puri excelle en homme d'affaires qui ne s'en laisse pas compter et en fier père de famille. Alors que ses enfants ont un peu honte de leur restaurant modeste en face du chic «Saule Pleureur», il rétorque: «L'Inde n'est pas assez classique pour toi? Nous sommes la plus vieille civilisation du monde!»

Hassan, lui, tient tête aux douaniers («Vous avez des qualifications de cuisinier?» «Oh oui, ma mère m'a appris») puis à la snob Mme Mallory qui lui demande «pourquoi changer une recette de 200 ans». «Parce que 200 ans, ça suffit peut-être.»

«Le film est largement une déclaration d'amour à la France», a expliqué la coproductrice Juliet Blake, à l'origine du projet. «Ce n'est pas juste une histoire sur la nourriture mais sur les gens autour de la table. La cuisine est un grand égalisateur, elle peut traverser les frontières et les cultures.» «Nous sommes tous des immigrants, si ce n'est cette génération, quelques-unes avant nous», a-t-elle ajouté.

Après avoir découvert et adoré le livre, elle en a acheté les droits, puis a soumis son projet à Oprah Winfrey qui a été conquise, et enfin à Dreamworks, la société de Steven Spielberg. «Stephen s'est incroyablement impliqué dans le film et notamment dans le casting», a-t-elle souligné. C'est lui qui a suggéré Manish Dayal pour jouer Hassan, et qui a aussi choisi Charlotte Le Bon. «Il a insisté, pour lui, c'était elle la bonne personne, elle avait quelque chose de spécial», expliquait récemment à la presse Lasse Hallström.


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