Femina Logo

Culture

Locarno Film Festival: Les sœurs mises à l’honneur

Festival international du film de locarno les soeurs mises a lhonneur

Dans Drowning Dry (Seses) de Laurynas Bareisa, deux sœurs, l’une mariée avec un boxeur, l’autre avec un fou du volant, percutent virilisme et réel.

© AFTERSCHOOL PRODUCTION

Présidée par la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner du film Club Zero, la 77e édition du Festival international du film de Locarno se déroule jusqu’au 17 août 2024. Dans l’élan du mouvement MeToo, l'événement aux 220 films, dont 104 premières mondiales, projetés sur la Piazza Grande et en salles, dévoile de nouveaux récits sur la violence, parfois mêmes contés par des hommes, comme dans le poignant documentaire La déposition sur les violences sexuelles commises par l’Eglise. Et comme la Suisse n’est pas épargnée, alors que des cas de harcèlement dans les écoles d’art ou sur des plateaux de tournages ont été révélés, la parole des victimes est portée également dans le Festival par l’association SWAN (Swiss Women’s Audiovisual Network), qui œuvre en faveur de l'égalité dans l’audiovisuel.

Espèce menacée, Le procès du chien, Sauvages

À l’instar du long-métrage Le moineau dans la cheminée du bernois Ramon Zürcher, dix-sept films sont en compétition internationale pour le Léopard d'or. Au programme du Festival, on citera aussi la série RTS Espèce menacée sur l'effondrement du climat portée par des humoristes romands, le film Le procès du chien de Laetitia Dosch (présenté au Festival de Cannes 2024) tourné à Lausanne qui juge le toutou Cosmos, le film d’animation Sauvages de Claude Barras, de Qing chun de Wang Bing, une plongée dans les ateliers textiles près de Shanghaï, et encore le film de Virgil Vernier Cent mille milliards, sur la folie de l’argent à Monaco. Du côté de nos repérages, une constante évidente dans cette première édition présidée par Maja Hoffmann, l’exploration de destins de sœurs, que ce soit dans Mond, Drowning Dry, ou encore Ma famille chérie, de et avec Isild Le Besco. Présentations.

Drowning Dry, critique du masculinisme

En compétition, le second long métrage du Lituanien Laurynas Bareisa porte à l’écran deux sœurs mariées chacune avec un homme virile, l’un s’exprime sur le ring comme combattant de MMA, l’autre sur la route comme as du volant. Lors d’un week-end d’anniversaire passé dans leur maison de campagne, une sortie baignade un peu trop brutale dans un lac va tourner au drame quand l’un des enfants ne remonte pas à la surface. Les sœurs vont ensuite devenir mères célibataires. De la domination masculine ordinaire voire dangereuse, l'œil du réalisateur la balade comme un fil d’Ariane tout au long du film, dans tous les sens, pour mieux comprendre.

«Drowning Dry» de Laurynas Bareisa. © AFTERSCHOOL PRODUCTION

Le moineau dans la cheminée, huis clos familial en campagne

Également en compétition pour un Léopard d'Or, cette suite de La jeune fille et l'araignée, signée du bernois Ramon Zürcher. Avec son frère jumeau Silvan, producteur, le réalisateur clôt avec Le moineau dans la cheminée et après L'Étrange petit Chat, leur trilogie animalière et métaphorique qui sonde les relations familiales. Le pitch? Une réunion de famille entre deux sœurs - dans ce festival, une régularité assumée - que tout oppose. Karen habite avec sa famille dans la maison d’enfance située en campagne, Jule, elle, a comme style de vie de rejeter le comportement de sa sœur autoritaire et colérique. Toutes deux doivent dealer avec les souvenirs de leur mère défunte, sans compter qu'un moineau, coincé dans la cheminée, va faire imploser l’ambiance. Le bon moment pour se libérer de l’emprise de la matriarche disparue.

Mond, enfermement des femmes par les hommes

Dans ce long-métrage uppercut, la réalisatrice kurde et autrichienne Kurdwin Ayub, 34 ans, filme une ancienne championne de MMA qui quitte l’Autriche pour enseigner les arts martiaux à trois filles d’une riche famille jordanienne. Le job de rêve se transforme en enfer quand l'athlète saisit que les jeunes femmes semblent séquestrées et surveillées 24h/24 par leur frère. «C’est une histoire de sœurs, d’où qu’elles viennent, et de cages, où qu’elles soient. De cages que l’on veut quitter et de cages où l’on veut retourner», note la réalisatrice.

«Mond» de Kurdwin Ayub. © ULRICH SEIDL FILMPRODUKTION

Ma famille chérie, fuite de la violence conjugale

Après avoir publié son livre Dire vrai, sur les années d’emprise du réalisateur Benoît Jacquot, Isild Le Besco signe ce film très attendu en conviant Elodie Bouchez, Marisa Berenson, Jeanne Balibar, Elie Semoun et joue elle-même Manon, la narratrice. Sur fond de violence conjugale, Ma famille chérie, première mondiale présentée hors compétition, ausculte les liens familiaux et le poids des traumatismes familiaux.

«Ma famille chérie» d'Isild Le Besco. © DR

Reinas, fresque familiale à hauteur d’enfants

Dans un Pérou de 1992, la réalisatrice helvético-péruvienne Klaudia Reynicke filme une chronique familiale en partie autobiographique qui montre deux parents séparés essayer tant bien que mal d’assurer le bonheur de leurs deux filles dans un chaos existentiel sur fond d’effondrement économique. Drame tendre sur la séparation parentale, l’absence paternelle et le départ d'un pays natal, Reinas est le premier film de fiction suisse à avoir été en compétition au festival américain Sundance. En salles le 4 septembre 2024.

Les graines du figuier sauvage, fossé générationnel en Iran

Projeté ce printemps 2024 au Festival de Cannes, puis le 11 août sur la place tessinoise, le film du cinéaste Mohammad Rasoulof, en exil pour éviter les geôles iraniennes, a ému le public. Avec en toile de fond les manifestations en Iran qui ont suivi la mort de l'étudiante Mahsa Amini arrêtée par la police des mœurs pour une mèche lâchée de son voile, Les graines du figuier sauvage, tourné clandestinement, sonde le rapport de force d’un père juge d’instruction à Téhéran qui voit ses deux filles défier son autorité. La position impossible à tenir de la mère, tiraillée entre ses filles et son mari, traduit la complexité du régime iranien dans ce drame familial. En salles le 18 septembre 2024.

Et encore: La Déposition, violences sexuelles dans l’église

Présenté à la Semaine de la critique du festival suisse, le documentaire de Claudia Marschal dévoile le témoignage poignant et douloureux d’Emmanuel Siess, agressé sexuellement par Hubert, le curé de son village en Alsace. On les entend: les touches d’un clavier dans une gendarmerie retranscrivent la violence qu’il s’est passée cet après-midi pluvieux de 1993 où un jeune homme est sorti d’un presbytère après avoir juré de ne jamais raconter ce qui s’y est déroulé. Mais trente ans après les faits, évolution de la société oblige ou soulagement, l’ex-enfant de chœur peut désormais tout dire, sans tabou.

Festival international du film de Locarno, jusqu’au 17 juillet 2024.


Vous avez aimé ce contenu? Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir tous nos nouveaux articles!

Juliane vous suggère de lire aussi:

Notre Mission

Que faire pendant le temps libre? Inspirez-vous des coups de cœur loisirs, des repérages séries, des bonnes adresses, des idées voyages de Femina.

Icon Newsletter

Newsletter

Vous êtes à un clic de recevoir nos sélections d'articles Femina

Merci de votre inscription

Ups, l'inscription n'a pas fonctionné