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Musique: Le duo genevois Roshâni sort son premier EP
Roshâni sera en tournée cet été 2024 en Suisse romande, notamment au Montreux Jazz Festival, aux Georges et à Paléo.
© LAURÉAT BAKOLLIL'été 2024 est sans doute la saison du sacre pour Roshâni, le duo d'électro dansant aux inspirations latines et orientales formé par les Genevoises Roxane Dumont, au chant et à la guitare, et Inès Mouzoune, au synthé et à la basse. Les musiciennes sont à l'affiche des plus grands festivals romands - le Montreux Jazz (17 juillet), Les Georges (18 juillet) et Paléo (27 juillet) - mais aussi présentes lors d'événements plus confidentiels, Pod'Ring à Bienne (13 juillet) ou Hors Tribu à Môtiers (8 août). «Je ne pensais pas que ça démarrerait aussi fort, c'était inespéré», souffle Inès Mouzoune, 25 ans. Et pour cause: le projet Roshâni est né il y a un an et demi seulement.
Un tout premier concert en janvier 2023, la sortie du single Reinas en mars, puis quelques dates, dont à l'Usine et au festival Les Créatives en automne. «Nos premières scènes étaient de vrais challenges», se souvient Roxane Dumont, 28 ans. Puis au Cully Jazz en avril 2024, le duo a performé sur trois sets d'une heure dans l'étuve des caveaux, accompagné par Yavor Lilov à la batterie. «C'était génial, reprend Roxane, quoiqu'un peu trop long», rigole-t-elle. «Le Cully Jazz, c'était un tournant», ajoute Inès. Un tournant, les prémices du succès.
Roshâni se voit proposer des dates dont rêvent de nombreuses et nombreux artistes.
«Paléo, c'est une consécration. Quand on nous a proposé d'y jouer le samedi sous le Club Tent, j'avais peur que l'équipe de programmation se rende compte qu'elle s'est trompée, lance Roxane et son léger syndrome d'imposture. Ces opportunités nous boostent à fond.»
La rencontre de deux musiciennes passionnées
Pour l'ambitieuse Inès, quitte à voir grand, la consécration serait de partager la scène avec une de ses idoles, comme Burna Boy. La musique, c'est toute sa vie: grâce à sa maman prof de solfège, elle commence une formation musicale au Conservatoire à 6 ans, avec le piano classique et la clarinette, puis se tourne vers le jazz et suit la filière pro de l'AMR avec le piano, la basse électrique et la contrebasse. En 2019, elle cofonde son premier projet musical, le trio électro Amami. «On a fait de gros festivals, c'est là que j'ai appris les bases du business», souligne l'arrangeuse et productrice qui collabore avec d'autres artistes comme Baby Volcano et Sami Galbi.
De son côté, enfant d'une famille de mélomanes, Roxane commence la guitare classique à 8 ans au Conservatoire. «C'était terrible et mes parents ne voulaient pas que j'arrête, commente la jeune femme avec humour. Puis mon père a fait une crise de la quarantaine et a embarqué ma grande sœur, à la batterie, et moi, à la basse, dans un groupe de rock: Sotano. On faisait des concerts chez des ami-e-s et lors d'événements.» Roxane ne lâche pas son premier instrument pour autant et enchaîne avec la guitare flamenco. «Puis on a troqué notre père contre notre voisine, poursuit-elle, et on a fondé les Floxs, un groupe de musique festive espagnole.»
La jeune femme se détourne quelques temps de la musique, car ses études de statistiques sont prenantes, même si elles représentent aujourd'hui une issue de secours face aux montagnes russes émotionnelles que lui procurent le son et la scène. Elle soutient d'ailleurs sa thèse de doctorat en épidémiologie cet été. En 2022, elle aspire à de nouveaux horizons. Elle repère Inès qu'elle connaît un peu de vue et lui propose une rencontre. Roshâni voit le jour, sous un joli nom qui signifie «lumineux» en farsi, la langue maternelle de Roxane. «Ma mère est iranienne. C'est elle qui nous a donné l'idée», explique-t-elle avec une pointe de tendresse.
Les sonorités orientales rencontre l'électro
Les membres de Roshâni décrivent leur rencontre musicale comme «naturelle». Inès est déjà bien implantée dans le game, tandis que Roxane se met pour la première fois à la guitare électrique pour l'occasion. Les artistes mettent en commun leurs goûts musicaux, et ça croche, même si leur duo est en constante évolution.
«On est différentes, mais complémentaires, soutient Inès. On fait de l'électro psychédélique qui n'est pas accidentelle, un son organique, dense, tropical. En gros une musique dance avec de grosses basses.»
Elle illustre son jargon: «On aime Bomba Estéreo, mais aussi la trap, la dub. On s'inspire de ce qu'on écoute.» «Comme la musique orientale traditionnelle un peu kitsch», ajoute Roxane. «Oui, on a grandi ici, mais on retranscrit des échos de chez nous», explique Inès, au sang bulgare et marocain berbère.
Les mots sont de la plume de Roxane. Elle chante ses titres en français, en espagnol et en farsi. «J'aime l'idée de parler plusieurs langues. Chacune raconte quelque chose de différent. Le farsi est un choix original, c'est une très belle langue qu'on n'entend pas beaucoup en Suisse et je suis fière de la mettre en valeur.»
Et quels récits créent ces mots? «Des histoires qu'on vit au quotidien», affirme Roxane.
«Notre première track Reinas est un hymne féministe qui cible toutes celles et ceux qui remettent en question nos capacités, poursuit Inès. On ne se présente pas comme des militantes, mais notre message engagé passe par la représentation, l'exemple de deux jeunes musiciennes sur scène.»
«Ce morceau a été écrit pour nos copines, nos mamans, nos sœurs, reprend Roxane. Et les chansons en farsi racontent mon lien avec l'Iran, avec ma grand-mère.»
Alma de Baile, un EP pour danser cet été
Après Reinas qui a séduit les ondes romandes, Roshâni revient pour une «deuxième saison» le 26 juin 2024 avec un premier EP intitulé Alma de Baile. Six titres produits en collaboration avec Yavor Lilov, membre du groupe L'Éclair, sous le nouveau label Stone Pixels Records. La tracklist célèbre l'amour, les aïeux ou encore l'indépendance en trois langues, colorée d'une mosaïque de styles musicaux.
«Cet EP, c'est nous en six morceaux, annonce Roxane. Comme une de nos journées, avec ses up and down. Sola et Alma de Baile forment la partie dance festive.»
«Vient ensuite Bahor, notre track préférée. Du rock persan, psychédélique, plus torturé», ajoute Inès. Le duo travaille d'ailleurs sur une vidéo à paraître début juillet 2024 pour l'accompagner: un clip d'animation illustré par Indira Gómez et basé sur un reportage photo de Roxane en Iran. «Donya Do Roozeh, notre deuxième single sorti en février, c'est notre chanson de stade de foot, continue Inès en riant. Ensuite Bolero, le morceau drama d'amour - le seul en français, plus pop, et Roshâni clôt l'EP, une ballade très cinématographique qui n'a rien à voir avec les autres titres», commente la musicienne.
Pour vernir leur EP éclectique, Inès, Roxane et Yavor ont choisi Festi'neuch, en juin 2024. Une première expérience de grand festival à la hauteur de leurs attentes. «Carrément une victoire. On avait peur car Meryl jouait en même temps que nous, déclare Roxane, d'ailleurs j'aurais bien aimé la voir… Mais les gens étaient au rendez-vous et ultra chauds! En concert, on donne tout ce qu'on peut offrir au public.» «C'est beaucoup de chance, de travail et de timing», ajoute Inès, qui n'a pas pu répéter avec ses acolytes puisqu'elle tourne au même moment avec Baby Volcano. «Inès joue sur trois synthés en même temps, c'est très difficile, commente Roxane. Moi, j'ai le micro, mais la texture du son retombe sur ses épaules.»
Complices au-delà de la scène
Inès renchérit: «Ce sont les concerts qui mèneront notre carrière avec Roshâni». Les musiciennes soulignent l'importance d'être bien entourées. «L'équipe de notre label nous soutient énormément et nous transmet ses connaissances», reprend la claviériste.
«Si on n'a pas de bonnes conditions financières, si on passe la majeure partie du temps à faire de l'administratif, de la logistique et de l'organisation, on continue d'y croire parce qu'on sait qu'on peut compter l'une sur l'autre», réplique-t-elle, dardant un regard complice vers son amie.
«J'adore bosser avec Roxane. Toujours positive et bienveillante, elle apporte de la lumière à mes pensées.» «Et Inès est la meilleure musicienne que je connaisse», rétorque Roxane, touchée. Au-delà du travail et d'une passion commune pour la musique, l'amitié est certainement l'un des ingrédients clés de la recette du succès de cet éclatant duo genevois.
